Leïla Martial, Baabel

Leïla Martial, Baabel

Leïla Martial, Baabel

LABORIE JAZZ

Ce sont les cloches d’un troupeau de biques qui passent… qui ouvrent ce disque. Effet réussi, la surprise et la poésie sont les ingrédients principaux du projet. C’est même marqué sur l’étiquette, une photo de la chanteuse avec des bois de chevreuil, vêtue comme un faune. Oui, un faune, une petite divinité sautillante, voilà Leïla Martial. A la tête d’un trio composite elle délivre une œuvre rafraîchissante, pétillante et très musicale. En jouant essentiellement sur la voix, les textures vocales, les textes, les polyphonies, les cris, les méta-langages inventifs, elle vit et rend vivante la poésie. C’est en ça une digne héritière de Léo Ferré. Et en composant des musiques qui enjambent allègrement toutes sortes de repères stylistiques, elle dynamite les codes.Pierre Tereygeol, guitariste, fait aussi la voix sur certains titres, notamment sur « Hear », une rhapsodie que Freddie Mercury n’aurait pas reniée. Enfin, en jouant sur le registre ultra-doux et rond de la voix chantée comme celui, acéré et boisé, du scat et de l’onomatopée, elle passe presque de la flûte à la clarinette, un peu comme Eric Dolphy, un sien héros. Eric Perez à la batterie vient saccader opportunément les chansons, quand il ne rajoute pas des effets électroniques pour donner un peu d’assise harmonique à ce groupe sans basse. Enfin, Leïla Martial dont le talent de chanteuse et de leader explose à la fois dans le groupe d’Anne Paceo et dans celui-ci, a l’intelligence de faire appel à son ami Emile Parisien sur deux titres, lui dont le soprano si singulier se lie parfaitement à la texture de la chanteuse. Une belle combinaison. Rien à ajouter à ce magnifique disque, sans trop en dévoiler et gâcher la surprise. Alors, juste un titre, un seul, signé Charlie Chaplin et avec Emile Parisien en invité : « Smile ».

Matthieu Jouan