Lenglet – Bodart – Bramnk : L’humeur des non jours

Lenglet – Bodart – Bramnk : L’humeur des non jours

Circum-Disc

Trois hommes arpentent une zone périurbaine désaffectée non nommée. Ils explorent des nouveaux bâtiments démolis, finissent par poser pied dans une apothèque abandonnée. Ils y demeurent plusieurs heures, procèdent à des fouilles, trouvent des clous, inscrivent leur patronyme respectif sur des étiquettes qu’ils collent sur des flacons embués. Réflexion faite, ils se disent qu’il serait plus judicieux de mettre leur temps à profit. Ils s’emparent d’instruments trouvés sur place. Qui jouera quoi ? Qui se jouera de qui ? Leurs marchandages s’avèrent inutiles. Ils consignent un pacte de paix. Philippe Lenglet décrasse une guitare acoustique qu’il accompagne d’effets et d’objets divers. Samuel Bodart parvient à assembler quelque chose qui ressemble à une batterie comprenant une caisse claire, une grosse caisse, des cymbales auxquelles il adjoint des percussions, diverses elles aussi. Quant à Falter Bramnk, il jette son dévolu sur un piano qu’il a préparé avec soin et méthode, il trouve également judicieux de se servir d’objets contingents. Nos trois protagonistes sont maintenant prêts. Ils débutent à pas feutrés, progressent à leur cadence qui ne ressemble à aucune autre. Ils confrontent leurs intimités sonores, leurs humeurs, allant jusqu’à mettre à l’épreuve la patience de leurs nerfs, tentent chimériquement de mettre en sons des rêves allemands. Aucun public n’assiste à leurs échanges. C’est une excursion ouverte en milieu clos. L’heure avance. La lumière se raréfie. Le jour pointe l’ombre de sa fin. Il se dégage de ce conciliabule une étrange humeur que nul ne parviendra jamais à décrire avec des mots adéquats.

Eric Therer