Les Abranis : Amazigh Freedom Rock 1973-1983

Les Abranis : Amazigh Freedom Rock 1973-1983

Bongo Joe / L’Autre Distribution

Au lendemain ou au surlendemain de l’indépendance de 1962, bon nombre de jeunes Kabyles fuient leur pays pour échapper à la montée nationaliste et conservatrice qui gagne l’Algérie. Parmi eux, deux jeunes gars fans de rock venus de Numidie : Shamy El Baz et Karim Abdenour. Ils se croisent à Paris et décident de former un groupe dont la musique sera aussi bien inspirée de la culture kabyle et de ses mélodies que du rock de l’Occident. Ainsi naissent les Abranis en 1967, rejoints par le bassiste Madi Mehdi et le batteur Samir Chabane. Les premières années sont tumultueuses. Les Abranis doivent composer avec de nombreux changements de line-up… et une critique acerbe venue de l’establishment culturel algérien lui-même, qui voit ces hippies venus de Paris d’un très mauvais œil… Tant mieux ! La légende est en marche, les Abranis reprennent leur route en France où leur renommée ne cesse de grandir.

Les 45t se succèdent, la musique évolue petit à petit… Les mélodies et le son s’affinent. Le garage rock berbère des débuts laisse place à une musique plus sophistiquée avec synthétiseurs (ah, ces sons venus d’un autre temps !) et chœurs… féminins. Quatre albums sont publiés entre 1977 et 1983, quand le groupe atteint son apogée avec l’opus « N1 » largement représenté ici (avec André Ceccarelli aux fûts), avant que les Abranis ne plongent dans un long silence. Un dernier album publié en 1990 ne changera rien à leur histoire, le raï occupe dorénavant la place en maître sans partage…

À l’initiative du label suisse Bongo Joe, « Amazigh Freedom Rock 1973-1983 » exhume onze titres (N.B. : la pochette n’en mentionne que dix…) du répertoire des Abranis, classés dans un ordre très aléatoire. Onze titres aux sonorités usées mais à la saveur historique. D’un autre temps, Monsieur !

Yves Tassin