Les Chroniques de l’Inutile : L’Occurrence
Guitariste français installé en Belgique depuis pas mal d’années, Benjamin Sauzereau se révèle avec son groupe « Les Chroniques de l’Inutile » comme un des compositeurs les plus aventureux de sa génération. Le premier volet de ce projet avait déjà aiguillé nos sens par la richesse de ses sonorités, son penchant pour l’improvisation et l’art de bien s’entourer : le trop rare Pierre Bernard aux flûtes, Eric Bogaerts aux saxophones, Eric Bribosia aux claviers, Lennart Heyndels à la basse et Jens Bouttery à la batterie. Seul le saxophoniste Gregor Siedl (1) n’apparaît plus dans cette deuxième mouture du projet intitulé « L’Occurrence », constitué de deux enregistrements en public, l’un à la bibliothèque « De Krook » à Gand le 6 avril 2019 lors des Belgian Jazz Meetings, l’autre à la Jazz Station en octobre de la même année. Huit compositions aux titres parfois énigmatiques – cherchez les traces de Robert Mikulandric ( un spécialiste du curling ?) ou de Ignace Dabrowski (un chercheur scientifique ?) – toutes du guitariste illustrent les inspirations surréalistes de celui-ci. « Le Duplicata » s’ouvre sur la guitare seule, comme le fil tendu sur lequel flûte, piano et sax jouent à l’équilibriste, avant que l’ensemble ne se retrouve dans un décor sonore plus dramatique. « L’Autre Malentendu », comme une trame lente et inexorable, culmine sur un solo de sax en crescendo. On découvre bien un petit côté latino sur « Une Question impertinente est une Question pertinente », un versant plus rock sur « Le Subterfuge », mais c’est bien là les seuls repères dans cette musique où les frontières entre écriture et improvisation sont mouvantes. La surprise est toujours au rendez-vous sans toutefois nuire à la cohérence. Dans chacun de ses albums – on pense au précédent « Chroniques de l’Inutile », mais aussi au « Solo » où on retrouve « Le subterfuge » – la patte du guitariste est singulière et captivante.
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(1) Si ce n’est comme graphiste pour la pochette.