Louisiana Red and Carey Bell : Having Fun – Live at Burnley Mechanics 1990

Louisiana Red and Carey Bell : Having Fun – Live at Burnley Mechanics 1990

JSP Records ‐ Références catalogue : JSP 3026

Comme on dit, il vaut mieux tard que jamais, mais il aura donc fallu attendre 33 ans pour pouvoir écouter ce concert de 1990 ! Ce genre d’opération se répète régulièrement et on peut supposer de la spéculation de la part des organisateurs de festivals, concerts… qui enregistrent tout et le gardent en réserve pour plus tard (parfois beaucoup plus tard). C’est un détail et on ne va pas bouder son plaisir pour savourer cette séance où se produisent Louisiana Red (chant, gt) dans cinq des 13 faces, Carey Bell (hca, chant) dans quatre autres faces dont une en solo, et tous deux, avec toute la fratrie Bell en soutien : Lurrie (gt) dans 12 faces comme ses frères Tyson (basse) et James (dms) sans oublier Lucky Lopez Evans (chant) dans deux faces. En effet, malgré une photo de couverture où L. Red et C. Bell sont en train de jouer ensemble, il ressort de l’audition et de la discographie reprise dans les notes, que ce n’est pas le cas ici ! Ce n’est pas tout, John Steadman, le boss de JSP, le souligne dans les notes, il a dû travailler avec des bandes magnétiques en très mauvais état et remixer le tout, à sa grande satisfaction, dit-il, trop grande ? Peut-être, car il y a des passages un peu « boueux » et d’autres confus, genre cacophonique (comme dans « Boogie Chillen » par exemple, ça part dans tous les sens), mais pas de panique, c’est encore un détail qui n’empêche pas de prendre beaucoup de plaisir à écouter cet album.

Louisiana Red est très en forme dans deux slows blues attachants, « I Wish I could Lead My Life Again » et « No Luck », ains que dans les bien enlevés « Locked Up So Long » avec les Frères Bell (Steve fort inspiré à l’ harmonica) et « Running Shoes » avec Lucky Lopez Evans au chant, que l’on retrouve dans une forme éblouissante dans « Ghetto Woman », du soul blues incisif. Quant à Carey Bell on le retrouve dans « Harmonica Meltdown », une face instrumentale magistrale en solo, qui conclut l’opus en beauté et dans trois faces d’anthologie avec ses fils, dont deux slows blues, « I’m Going Upstairs » et « It’s So Easy to Love You », ainsi que « Leaving in the Morning », plus nerveux et vibrant. Tous ont un appétit de lion et Lurrie Bell se dépense sans compter, son jeu est brillant, parfois distordu mais au top, et on peut en dire autant de Steve Bell qui est omniprésent, à l’excès parfois, et veut clairement en mettre plein la vue à tout le monde et en particulier à son père… Une mention encore à Lurrie Bell, toujours perturbé dans sa vie perso par ses addictions, parait-il, mais il n’en parait rien en concert, il est toujours surdoué, comme il l’est encore de nos jours, il est aux commandes avec ses frères de « Lurrie’s Shuffle », un instrumental fonceur et pétulant et de « 1215 W. Belmont » un véritable showcase de ses talents de guitariste.

Robert Sacre