Luc Le Masne : Œuvres pour orchestre

Luc Le Masne : Œuvres pour orchestre

Buda Musique / Xango

Voici un coffret de trois cédés – 3 heures 25 de musique – véritable anthologie de l’œuvre éclectique de Luc Le Masne, saxophoniste, compositeur au talent original et chef d’orchestre de formations de grande ampleur. Luc Le Masne est né à Paris en 1950, au sein d’une famille de musiciens qui l’initie au piano. Après avoir arrêté ses études de médecine, s’être acheté un saxophone et avoir découvert le jazz, il décide de se consacrer à la musique et surtout à la composition. Dans les années ’80, il fonde le Grand Orchestre Bekummernis, pas moins d’une trentaine de musiciens, parmi lesquels on retrouve le saxophoniste Richard Foy, le trompettiste Philippe Slominski et le clarinettiste Denis Colin. En 1981, il compose « Hommage à Fernand Léger », à l’occasion du centenaire de la naissance du peintre (cédé III, 1-10). Avec Le Masne, le Grand Orchestre prend des allures symphoniques : importance des bois (fl, bfl, cl, bcl, hautbois de Jean Querlier), tout en gardant une section cuivre imposante (trompettes, trombones , tubas) et un espace percussion très coloré (vibraphone, marimba, timbales et percussions). Parmi ses autres oeuvres, à côté d’une « Symphonie pour le Festival d’Avignon », il écrira, en 1986, le « Cercle de Pierres », en référence à Claude Debussy (cédé II, 1-9), avec, entre autres, Philippe Sellam et Simon Spang Hansen, saxophonistes du MegaOctet d’Andy Emler, les frères Moutin, le saxophoniste François Cotinaud, Philippe Legris au tuba et Denis Colin à la clarinette. En 1993, il réunit 12 jeunes musiciens pour l’ensemble Terra Nova. Puis, en 97, Le Masne crée, à La Havane, le Grand Orchestre La Manacuba : 30 musiciens français et cubains. Nombre de musiciens de grand renom ont fait partie de ses orchestres, tels John Surman (soprano sur « Bright Carillons », bs sur « Lucie » avec un chœur ), Louis Sclavis (superbe clarinette basse sur « Til C »), Laurent Dehors (cl sur « Kéfir », « Fétiche » ou « Ouest l’Est ? »), Catherine Delaunay, clarinettiste de Tous Dehors, Bobby Rangell (fl sur « Micro Nueve Santiago »), les trombonistes Geoffroy De Masure et Daniel Casimir, les contrebassistes Jean-François Jenny Clarke, Jean-Paul Célea ou François Moutin, les vibraphonistes Franck Tortiller et Vincent Limouzin, sans compter de plus jeunes talents comme Matthieu Donarier (ts dans « Color »). Tout au long des trois cédés, on découvre une écriture complexe, entre jazz et musique symphonique, avec des solistes de haut vol. Ce coffret est le témoignage d’une certaine époque durant laquelle le jazz pouvait, à la différence de l’actuel ONJ, réunir une trentaine de musiciens, s’inspirer autant de la tradition jazz que d’une certaine musique symphonique avec prééminence des bois, présence de cordes (« Transit ») et, au niveau des percussions, s’inspirer des influences sud-américaines (« Color », « Micro Nueve Santiago »). Une époque qu’on n’est pas prêt de retrouver.

Claude Loxhay