Lux Montes : La Traversée
Quand elle s’assoit au piano, Lucile inspire d’abord un grand volume d’air qui lui gonfle la poitrine. Puis elle ferme les yeux et les mots s’échappent, formant avec la musique la trame d’un récit mystérieux constitué de poésie et d’arrangements minimalistes qui lui vont si bien. Une pointe d’électro, un soupçon de cordes, un peu de vent. Pour nous, auditeurs attentifs, c’est facile de se laisser porter dans cet univers intime, de se laisser bercer par ces ballades brumeuses. Même lorsque l’on connait la chanson, détournée pour une relecture personnelle (« Angora » de Bashung, « Où sont les femmes ? » en version épurée). C’est confortable parce que c’est beau, tout simplement. Et à ce moment précis, on ne mesure pas l’énergie qui lui a été nécessaire pour que Lucile en arrive là, les doutes qu’il a fallu qu’elle efface, pour que Lucile prenne les traits de Lux Montes, une artiste complète, de l’extrémité de ses chaussons rouges jusqu’à la pointe des ses mèches brunes. La montagne en pleine lumière…
Lorsque nous l’avons rencontrée pour la première fois, il y a un peu plus de trois ans (Interview JazzMania), Lucile doutait de sa propre légitimité. Elle peut aujourd’hui jeter un œil sur le passé, mesurer le chemin déjà parcouru et contempler celui qui peut encore être accompli. Pour notre plaisir.