Mahalia Jackson, Intégrale – Volume 18

Mahalia Jackson, Intégrale – Volume 18

Mahalia Jackson, Intégrale, volume 18 (1962)

FREMEAUX & ASSOCIES

En 1962, Mahalia Jackson deviendra une grande vedette, célèbre dans le monde entier, le show business et une major (Columbia) se sont alors emparés de sa carrière, et elle-même ne la domine plus. On décide (à peu près) tout à sa place, le répertoire, les accompagnateurs, le cadre et le décorum; plus question pour elle de  poursuivre dans la voie du hard gospel swinguant et extraverti, en petite formation (piano, orgue, batterie, basse).  Elle est désormais l’icône d’un chant religieux à l‘échelle internationale, noyé dans un océan de cordes et de chorales pathétiques, dont la principale caractéristique est un manque de swing récurrent et navrant (ce sont quasi exclusivement des choristes blancs qui connaissent surtout le chant à l’unisson tel qu’on l’interprète dans les églises blanches, les white spirituals et pas le canevas appel-réponse des Noirs américains). Malgré tout, Mahalia surmonte tous ces handicaps avec un timbre de voix unique, intemporel, un charisme intact, bref un talent qui pulvérise tous les obstacles, au grand dam de puristes qui regrettent la période Apollo et les premiers enregistrements Columbia. Sans même évoquer ici l’absence de la pianiste Mildred Falls et de quelques autres. Ceci est éminemment subjectif et chacun se fera son opinion sur ce volume de l’intégrale où, pour moi, «sévissent» le grand orchestre et les choeurs dirigés par Johnny Williams sur 12 titres (grandiloquents, voir pompiers) gravés à Los Angeles en mars 1962 (dont Danny Boy !, The Green Leaves Of Summer!, Trees !). Et le gospel où est-il dans tout cela ? Les 5 autres morceaux (mars 1962) sont plus traditionnels et excellents; l’orchestre est conduit par le pianiste Edward C.Robinson avec Albert A.Goodson (orgue), Al Hendrickson (guitare),  Joe Mondragon (contrebasse), tantôt Shelly Manne, tantôt Johnny Williams (batterie), et une chorale plus en phase,  dirigée par Thurston Frazier. Ces faces, à elles seules, valent l’achat de l’album; on en retiendra un bien enlevé Sign Of The Judgement et un très plaisant That’s All Right; cette chorale-ci est absente sur 2 titres, le brillant Speak Lord Jesus  et un  In times like these  très inspiré et en slow.

Robert Sacre