Manoeuvres Sentimentales : Delightfully Deceitful
« Une note, un son, un souffle, on peut les écrire et les donner à lire, à jouer ; mais on peut aussi ne rien faire, c’est à dire simplement s’asseoir, jouer sa note, la regarder s’écouler et s’étendre, lui en ajouter une autre et à ces deux-là une autre ainsi de suite ». A elle seule, cette phrase, qui ouvre la notice de présentation figurant sur la pochette, écrite de la main du nouvelliste Guy Grudzien, introduit on ne peut mieux la démarche qui est ici à l’œuvre. L’étiquette Manœuvres Sentimentales rassemble le saxophoniste/clarinettiste Laurent Rigaut, le guitariste Andrea Bazzicalupo et le batteur Peter Orins. Trois protagonistes qui évoluent dans le périmètre à la fois très large, ouvert de l’improvisation et celui ténu, fermé de l’endroit où elle se joue et se déjoue. Enregistré dans un local du quartier de la Mitterie en banlieue lilloise, ce disque est le témoignage de leur rencontre, de leurs manœuvres. Sentimentales ? Très certainement, car il faut être animé de grands affects pour se lancer dans cette aventure où règnent les notes en vrille et les timbres. Nota bene : les titres de ces sept pièces, à haute teneur poétique, sont empruntés à Emily Dickinson tandis que la pochette est composée à partir d’un tableau célèbre, « Le temple de Janus » du peintre vénitien Sebastiano Mazzoni. Le pire, c’est que l’on a raté leur concert récemment donné au Cercle du Laveu à Liège en mai dernier. How deceitful !
