Marcel Powell : « La musique est une histoire de famille »

Marcel Powell : « La musique est une histoire de famille »

Les liens quasi fraternels qui unissent le guitariste avec David Linx se ressentent dans tout l’album « Nosa » (publié chez Mogno), mais aussi l’héritage familial que Marcel Powell évoque dès ses premiers mots :

Mon père a été mon professeur de toujours depuis le début, c’est avec lui que j’ai tout appris.

David Linx & Marcel Powell © Fernanda Nigro

Comment David Linx a-t-il à son tour atterri dans votre univers ?

Marcel Powell : J’ai connu David en 2011 à Paris lors d’un concert en hommage à mon père, c’était au Théâtre L’Européen, il y avait aussi Pierre Barouh. Mon frère Philippe jouait ce soir-là avec David, ils reprenaient une chanson de mon père « Canto de Yansa » qui n’est pas une des plus connues et qui m’avait impressionné. Elle se trouve aujourd’hui sur notre album. David et moi on s’est revu très longtemps après ce concert parisien, et je l’ai invité à « taper le bœuf » au Duc des Lombards. De là, on a commencé à discuter pour faire des choses ensemble.

Et sort aujourd’hui « Nosa ». Qui est cette personne ?

M.P. : C’est un morceau dont j’ai composé la musique avec Gilson Peranzzetta, un très grand pianiste brésilien. Les paroles de David sont arrivées après : c’est l’histoire d’une Nigérienne que David pourrait mieux raconter que moi… et qui se trouve dans les paroles.

« Mon père m’accompagne toujours, même après son décès. »

L’album débute de façon assez symbolique : deux compositions à vous qui encadrent deux compositions de votre père.

M.P. : Mon père m’accompagne toujours même après son décès ; dans tous les albums, tous les concerts, je reprends des compositions de Baden. C’est presque devenu naturel, je me reconnais beaucoup dans ses chansons.

David Linx & Marcel Powell © Fernanda Nigro

Quatre grands maîtres de la musique latine sont aussi présents sur l’album.

M.P. : Tout a été partagé entre David, Henri Greindl et moi. On a des goûts qui se ressemblent beaucoup et Chico Buarque, Gismonti, Nascimento sont des noms qui sont arrivés naturellement dans nos conversations.

Et les deux standards ?

M.P. : C’était un désir à moi. « Round Midnight », j’ai toujours en tête la version de mon père en duo avec une contrebasse ; je l’écoute depuis très très jeune. Et j’ai vu que David avait déjà enregistré ce morceau, c’était évident qu’il soit sur l’album. Et la chanson de Michel Legrand aussi : mon père m’a un jour emmené à un concert de Michel Legrand à Paris au « Petit Journal Montparnasse », j’avais treize ou quatorze ans. J’ai été très impressionné. Par la suite, j’ai rencontré son fils, Benjamin Legrand, avec qui j’ai joué en concert en France. Ces deux morceaux font vraiment partie de ma formation musicale et sont gravés dans ma mémoire depuis toujours. A neuf ans, j’ai commencé la guitare et après quelques mois, j’étais sur scène, donc l’apprentissage et la scène sont presque arrivés en même temps. Sur cet album il y a plein de choses qui m’accompagnent depuis toujours.

David Linx & Marcel Powell © Fernanda Nigro

Il y a une surprise à la fin de l’album, un morceau caché « One Note Samba » : vous avez laissé les rires sur l’enregistrement…

M.P. : On adore ce qu’on fait. Ça peut être très sérieux, mais aussi relax, il faut se sentir à l’aise. C’est ce qu’on a essayé de montrer avec le titre caché. « One Note Samba », je le jouais avec mon frère et mon père sur scène. « Baden Powell et ses enfants », c’était le nom de la formation qui a fait sa première en 1992 et ensuite une tournée internationale.  « One Note Samba » fait partie de ma formation dès le départ. On peut dire que ce nouvel album contient la mémoire de ma formation musicale.

Marcel Powell Meets David Linx
Nosa
Mogno Music

Chronique JazzMania

Propos recueillis par Jean-Pierre Goffin