Martin Wind, Philip Catherine & Ack Van Rooyen : White Noise

Martin Wind, Philip Catherine & Ack Van Rooyen : White Noise

Laika / Music and Words

Le contrebassiste allemand Martin Wind est né en 1968. Il a étudié à Cologne ainsi qu’à la New York University et a pris des cours avec Mike Richmond, qui a joué avec Stan Getz, Lee Konitz et le groupe Mingus Dynasty. Il a formé le Dreikland Trio, avec le saxophoniste Matthias Erlenwein (album Blue Note avec John Abercrombie en invité). Il a aussi enregistré « Gone With the Wind » avec le pianiste Bill Mays, mais aussi « Get It » et « Turn Out the Stars » dédié à Bill Evans, avec le saxophoniste Scott Robinson. Très admiratif du talent et de la carrière de Philip Catherine, il l’invite à enregistrer le duo New Folk, en 2014. Voici un nouvel album, en trio, avec le bugliste néerlandais Ack Van Rooyen. Né en 1930, il a poursuivi ses études au Conservatoire de La Haye et a participé à un nombre impressionnant de grandes formations : l’orchestre de Peter Herbolzeimer (auquel a aussi participé Bert Joris), le Big Band de Kenny Clark et Francy Boland, le Metropole Orchestra, le Dutch Jazz Orchestra. Il a enregistré avec Paul Heller (le saxophoniste ténor choisi par Michel Herr pour le Positive Tentet), avec Charlie Mariano (« Some Kind of Changes ») et Eberhard Weber (« Encore » pour ECM). Une telle formation bugle-guitare-contrebasse fait immédiatement penser au trio de Chet Baker, avec Philip Catherine et Jean-Louis Rassinfosse (« Crystal Bells », « Estate ») mais il existe d’évidentes différences. Par rapport à la sonorité diaphane et frêle de Chet, Ack Van Rooyen possède un son plus éclatant. Par ailleurs, la contrebasse est ici davantage mise en avant. Ecoutez l’intro jouée à l’archet puis en pizzicato de « Canter », une composition de Kenny Wheeler. Si le trio reprend quelques standards, comme les ballades « But Beautiful » ou « I Fall in Love Too Easily » joué par Chet, le répertoire est aussi différent. Martin Wind étant à la base du projet, il propose trois compositions originales : « White Noise » avec une magnifique intro de Philip Catherine, « The Dream » et « A Genius and a Saint », avec de beaux dialogues entre guitare et contrebasse. De son côté, Ack Van Rooyen signe « Autumn Bugle »  à la sonorité ouatée. Et Philip Catherine, dans tout cela ? Il a toujours cette sonorité immédiatement reconnaissable, cette note qui chante et sublime les mélodies. Comme le dit Marmande : « Philip Catherine est un des derniers romantiques du jazz. Il ne joue pas de la musique, il est la musique ».

Claude Loxhay