
Marylène Corro : Crossover
Vous mettrez bien une pointe de jazz dans votre pop ? Ou de pop dans votre jazz ? Faites selon votre goût, il n’y a pas de honte à se faire plaisir. Marylène Corro, chanteuse élevée au jazz – mais loin d’être réfractaire à d’autres sons et d’autres discipline,s comme le funk, la bossa, le théâtre ou la danse – publie son second album au titre sans équivoque : « Crossover ». Le précédent, « Flavor » (qui était un EP, en fait) préfigurait déjà du style qu’elle voulait défendre. Même s’il était légèrement plus « fusion » (avec le sax de Stéphane Mercier et la guitare accrocheuse de Joel Rabesolo), il était déjà engagé. C’est bien son genre ça, à Marylène Corro : sous des dehors doux et délicats, bouillonne une forme (un besoin) de combat permanent. Des titres tels que « Resitencia » (à l’engagement évident, qui n’est pas sans rappeler l’hymne contestataire chilien devenu planétaire « Un violador en tu camino »), « Chaos », « It’s not Gonna Work » ou « L.I.S.H. » (qui mettent en avant les peines, les incompréhensions amoureuses ou les relations toxiques) posent des questions et remuent les idées. Mais en ouverture, avec « You Shine », et en conclusion (« It’s not Too Late », façon gospel), l’espoir est permis, et même recommandé. Le soleil brille toujours au travers de ces moments de doutes parfois douloureux, chantés en anglais ou en espagnol. Ainsi, le très funky « Express Your Shape » invite les femmes à se lever et à danser contre les diktats, et « Chocolate Brownie » (qu’elle partage avec Halehan) ne peuvent que vous mettre du bonheur au cœur. La chanteuse s’est d’ailleurs entourée de musiciens qui ont bien compris son univers et ses intentions (Federico Pecoraro, Joel Rabesolo, Cédric Raymond, Hadrien Pierson, Carla Pusceddu, Koné, Simon Hubert). Elle est même allée jusqu’au Chili paternel pour croiser chants, musiques et production avec le petit génie local Patricio Trujillo. Marylène Corro s’inscrit dans un courant singulier, échappant volontairement aux étiquettes qu’on aimerait lui coller. C’est ça aussi sa liberté et c’est tant mieux. « Crossover » entre Belgique et Santiago, « Crossover » entre jazz, pop et soul. « Crossover » entre danse et chant. Certains mélanges font décidément du bien.