Mathias Eick : Lullaby

Mathias Eick : Lullaby

ECM / Outhere

Lorsque j’ai interviewé Eve Beuvens au printemps dernier et que je lui ai demandé avec quel musicien elle collaborerait si on lui donnait le choix, elle a peu hésité avant de me citer Mathias Eick. Or, je venais justement de recevoir le nouveau CD du trompettiste norvégien. S’il est vrai que j’ai un peu traîné les pieds avant de « lâcher cette chronique » – mea culpa, il n’y avait pourtant aucune raison objective d’attendre, sinon l’afflux de nouveautés – je dois aujourd’hui vous avouer que les premières impressions ressenties en écoutant « Lullaby » sont restées les mêmes aujourd’hui : un sentiment de plénitude et de bien-être.

Pour cet album, Mathias Eick quitte sa formule en quintet (avec deux batteurs) au profit d’une autre plus classique, en quartet articulé autour de sa trompette (et même parfois de sa voix) et du piano derrière lequel on retrouve l’Estonien Kristjan Randalu. Au menu, huit compositions originales qui lorgnent bien entendu vers les vastes paysages sonores scandinaves. Il est vrai qu’il est plus difficile de trouver le sommeil avec un bon swing ou avec un jazz-rock décapant qu’en écoutant une belle ballade. Discrètement, de façon quasiment anodine, le leader rend également hommage à son mentor, Kenny Wheeler, voire à Pat Metheny lors de son époque Lyle Mays (écoutez « Partisan » pour vous en convaincre). On se trouve ici à très bonne distance des groupes qui lui ont permis de mettre le pied à l’étrier (Jaga Jazzist, Trondheim Jazz Orchestra…) Entamée en 2008 sur le label ECM auquel il est resté fidèle, la discographie en solo de Mathias Eick est riche à présent d’un sixième album et poursuit sa longue et lente marche vers une élégante sérénité.

Yves Tassin