Matthieu Prual / Carol Robinson / Toma Gouband / Gabriel Lemaire / Joris Rühl : La démesure du pas

Matthieu Prual / Carol Robinson / Toma Gouband / Gabriel Lemaire / Joris Rühl : La démesure du pas

Ormo Records/Pagans

« La démesure du pas »… Vous en conviendrez, le titre est poétique, enchanteur, engageant. « Musique migratoire – Enregistrement nomade » précise son en-tête, comme pour signaler la démarche qui est à l’œuvre. Les premiers instants plongent l’auditeur dans une atmosphère pastorale. Un milieu naturel indéfini, non localisé qu’il lui appartient d’imaginer. Quelqu’un avance, se fraye un chemin, foule le sol de son pied, bouscule quelques cailloux de sa pointe, fait craquer des brindilles, rencontre des flaques d’eau, esquive, reprend le pas. La brise paraît légère, ondulante. Des oiseaux chantent, des voitures passent, les cloches d’une église tintent dans le lointain du jour. La mer ne semble pas loin. Des enregistrements de terrain bucoliques sur lesquels viennent se lover des instruments à vents, essentiellement des clarinettes et des saxophones (alto) mais aussi des flûtes, qui procèdent par de petits phrasés discrets et timides. Ritournelles rurales. Explorations. Déambulations. Le pas, cadencé, mesuré, démesuré. Musique en mouvement. « Vous emmener marcher avec moi et mon saxophone, c’est vous ouvrir les portes de mon atelier, de ce lieu intime où je lance mes sons dans l’espace pour cueillir l’écho, entrechoquer plantes et rives, troncs, roches, ciels et montagnes, vents, chants d’oiseaux ou de moteurs, soutenu par le souffle de la marche, la tête bien vide, prêt à toutes perceptions », résume Matthieu Prual qui assure la direction artistique de ce singulier projet. Un travail qui, idéalement, s’inscrirait quelque part entre « Le promeneur écoutant » de Michel Chion et le « Walden ou la vie dans les bois » de Henry Thoreau.

Eric Therer