Mette Henriette : Drifting
Certains s’en souviennent. Cela se passait lors de l’édition 2016 du Mithra, sa première formule délocalisée. La saxophoniste Mette Henriette avait été invitée à jouer dans la très belle salle académique de l’université de Liège. Elle occupait seule la scène, en contrebas des gradins disposés en demi-arc. A un moment donné, une spectatrice s’est permise de lâcher un « que c’est chiant ! » que chacun a pu entendre, y compris Mette Henriette qui n’en avait sans doute cure, toute concentrée qu’elle était sur sa musique. Sa marque de fabrique : on entre ou on préfère rester en dehors. La musique de Mette Henriette semble provenir du plus profond de son âme. Retour sur ce second album qui nous arrive, … en seize ans de carrière, ce qui démontre à quel point la composition (puis l’interprétation) sont prises au sérieux en ce qui la concerne. Pour ce « Drifting », Mette Henriette revient à la formule à trois utilisée sur la première partie de son opus précédent : saxophone ténor, piano (Johan Lindvall) et violoncelle (Judith Hamann qui remplace Katrine Schiott). A l’image de sa compositrice, cette musique est frêle, fragile, riche en émotions. Elle peut se développer sur le long terme (le magnifique « Indrifting You », 6 :11) ou sur du très court terme (six des quinze titres n’atteignent pas les deux minutes au chrono), sous la forme d’un jazz de chambre, spirituel. La musique de Mette Henriette se joue comme elle s’écoute : les yeux fermés, sans se laisser distraire par la première imbécile venue.