Microfestival 2022 ‐ Atterrissage

Microfestival 2022 ‐ Atterrissage

Micro © Quentin Perot

Il m’en aura fallu du temps, pour revenir du Microfestival 2022 ! J’y suis d’ailleurs encore un peu. Pas que cet été ait été dépourvu d’escapades, de concerts ou de festivals, loin de là, mais je dois avouer que cette édition du festival plus si micro, mais toujours aussi Micro était incroyable !

Micro © Quentin Perot

Cela fait quelques années que le rendez-vous du Liège branché a étendu son territoire à l’ancienne brasserie Haecht et à son terrain de mini-foot pour y ouvrir une scène, disons-le, beaucoup plus électro/techno. Mais ne s’y produisent pas que des DJ ou des lives « machine », ce nouvel espace offre aussi l’occasion de voir des formations plus restreintes, des seuls-en-scène de Jazz parfois électro, parfois plus groovy, parfois carrément expérimental.

O © Quentin Perot

De minimaliste groovy il était question cette année avec O (« The letter O » comme il a dit), cet incroyable duo anglais sax bariton/batterie et leur folle explosion. Au sens propre comme au sens figuré, d’ailleurs, puisque le sax bariton de l’infatigable Joe Henwood a fini en deux morceaux pendant que Tash Keary terminait ce qui était finalement le dernier morceau du concert, seule à la batterie. Grosse découverte.

Dame Area © Quentin Perot
Farida Amadou & Pavel Tchikov © Quentin Perot

Mention spéciale à Dame Area et à la puissance (lire « violence ») de son set aussi énervé que fou. Âmes sensibles s’abstenir, j’espère que vous avez une bonne assurance médicale.

À l’Oasis 3000, le Dimanche, Farida Amadou et Pavel Tchikov ont donné une prestation presque mystique, mais la fatigue aura eu raison de moi ce soir-là, et j’ai finalement raté le concert de Mohammad Reza Mortavizi.

En plus de l’OASIS 3000, cette année, pendant les 3 jours, DJs et collectifs se sont relayés derrière les platines du Microblaster. C’est fou comme une petite scène et un mini-chapiteau suffisent pour donner à une pelouse jaunie des airs de Dancefloor.

Et c’est tout ? Évidemment non, que ce n’est pas tout ! Le Microfestival ne serait pas le Microfestival sans la mythique Circus Stage !

Neptunian Maximalism © Quentin Perot

Trois jours d’une programmation aussi pointue qu’étonnante ! Si la Grand-Messe de Jaune-Orange, le maintenant bien connu label liégeois, a parfois fait la part belle à une musique plus brutale et typée « noise-punk-post-rock » (ça fait beaucoup, hein ?), cette année, la sélection se voulait plus ouverte. Plus ouverte, et surtout… plus Jazz. Du Jazz sous diverses formes, avec le drone-jazz (et psychédélique pour l’occasion) des excellents Bruxellois de Neptunian Maximalism.

Pink Siifu © Quentin Perot

Jazz protéiforme avec le rappeur Pink Siifu qui a tout simplement retourné le chapiteau de l’Espace Nord. Savant mélange de jazz indus, de rap conscient, de spoken words, le rap de l’américain se veut violent et revendicateur. Entre ses séances d’escalade, à 7-8m sur des enceintes branlantes, ses spasmes orgasmiques, la piste de bowling qu’il a demandé au public de former, les NEGR06 ont alterné les morceaux jazz-rap-indus les plus puissants avec des déclamations plus calmes, mais pas moins puissantes. 50 minutes d’un très intense jeu entre le groupe et le public conquis.

Le samedi, Eosine ouvrait la scène avec un tout nouveau set. Sans pour autant changer la nature du groupe, les nouveaux morceaux joués prouvent que la route sera longue et passionnante pour les liégeois.

Taqbir © Quentin Perot

Les marocains de Taqbir étaient fort attendus. Il faut dire que le ton était donné dès les premières présentations du groupe. Leurs revendications et prises de positions font d’eux des hors la loi dans leur pays natal. Ils joueront donc avec un foulard leur couvrant le visage. Le style punk-hardcore ne suffit pas à lui seul pour contenir toute la rage et la force de ce groupe sur scène. Sur les 40 minutes annoncées, 28 minutes d’un show qui a paru durer 12 secondes. Mais quelles 12 secondes ! Rarement je n’aurai fait subir ça à mon corps, juste pour faire des photos.

Psychotic Monks © Quentin Perot

La tornade Taqbir passée, c’est aux Psychotic Monks de clôturer la soirée avec leur noise rock hypnotique.

Les chaises musicales © Quentin Perot
Commander Spoon © Quentin Perot

Le dernier jour, la journée a démarré pour bon nombre de festivaliers au Grand Tournoi International de Chaises Musicales. Entre surréalisme, épreuve physique et automutilation, cet exercice périlleux se joue cette année intra-muros. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard.

Ensuite, le jazz a envahi la scène du Grand Cirque avec d’abord Kau Trio et leur nu jazz teinté de hip-hop. Ensuite, ce sont les excellents Commander Spoon et leur sax bariton qui ont mis le feu.

Under the Reefs Orchestra © Quentin Perot

Les Bruxellois de Under the Reefs Orchestra ont pris le relais pour une petite heure, juste le temps de tomber à court de cartes mémoire et de devoir retourner les vider. Autant vous dire que niveau frustration, j’étais au top de ma forme !

Baby © Quentin Perot Berserk

Le rythme s’est accéléré un peu avec Amami et son afrobeat, les Suisses de Cyril Cyril et leur caquelon de krautrock, et Baby Berserk et leur post punk psychédélique.

La soirée s’est terminée sur un DJ set un peu fou fou de ASA MOTO, histoire de fatiguer les dernières jambes et pousser les dernières fesses vers la sortie.

N’oublions pas non-plus Chevalier Surprise et le concert le plus cash et sans doute le plus inspiré du week-end, Zombie-Zombie qui a provoqué le pogo le plus violent du festival, Tramhaus, Scalping, De Ambassade, Gut Model, Global Charming, et tous ceux que je n’ai pas cités, mais qui ont fait de cette édition ce qui est sans doute pour moi la meilleure au niveau de la programmation.

Micro © Quentin Perot

Les chaises musicales, clôturent généralement le Microfestival. C’est donc d’habitude l’occasion de revoir les belles têtes de vainqueurs du week-end, et qui sait, la tête du vrai vainqueur du tournoi de chaises. C’est aussi et surtout une bonne excuse pour rester encore un peu sur le site et assister impuissants au démontage du chapiteau, des bars, du site. Impuissants, mais réalistes.

Cette confrontation au monde réel, redevenu un lointain inconnu l’espace d’un week-end, nous accompagnait le temps d’une dernière rigolade…

Mais cette année, faute de marché du vinyle, rendez-vous incontournable pour survivre à peut-être ce qui est la gueule de bois de l’année, et la cartouche « chaise musicale » ayant été tirée avant même la fin des concerts, le retour à la vie fut évidemment bien plus brutal.

Quoique… pour revenir du Microfestival, j’ai fait quelques détours… ça vous dit que je vous raconte le Bucolique Festival ?

Un reportage de Quentin Perot