Mike Zito, First Class Life
Mike Zito, First Class Life
Zito , c’est le fils prodigue du blues-rock qui, après 20 ans de carrière déjà, et 13 albums, est revenu en fanfare à ses racines blues. C’était déjà le cas dans son album précédent chez Ruf (Make Blues Not War, 2016). Ici, il signe 9 des 11 titres et au fil des plages, il égrène des souvenirs de sa vie, des jours sombres marqués, à ses débuts à Saint Louis, par la pauvreté et de funestes addictions, jusqu’à la «renaissance» actuelle, délivré des drogues («clean and sober»), avec une famille soudée, une relative aisance, et bien entendu son installation à Beaumont au Texas et la vie dont il rêvait (d’où le blues lent First Class Life). Très perso aussi Dying Day, un blues en medium et un hommage appuyé à son épouse qu’il «aimera jusqu’à son dernier jour». A noter aussi Old Black Graveyard, à propos d’un vieux cimetière oublié et en triste état, décrépi et abandonné, pas loin de sa maison à Beaumont où serait enterré Blind Willie Johnson : une nouvelle et triste illustration du manque de dignité avec laquelle sont traités les Noirs, même célèbres, de leur vivant ou dans la mort ! Le superbe blues lent Damn Shame abonde dans le même sens. Une note d’humour aussi avec Mama Don’t Like No Wah Wah (écrit en collaboration avec Bernard Allison (d’ailleurs en guest, guitare et basse), cela raconte le premiers gig de B. Allison comme guitariste dans le band de Koko Taylor : elle ne tolérait les effets spéciaux à la guitare, quels qu’ils soient – elle les qualifiait tous de «wah wah» – et quand Bernard fit une petite tentative de transgression, il se fit redresser les bretelles…. L’album se conclut avec le bien enlevé Tryin To Make A Living qui donne l’envie irrésistible de tout redémarrer dès le début.
Robert Sacre