Mirna Bogdanovic : Awake

Mirna Bogdanovic : Awake

Berthold Records

Mirna et ses parents ont dû fuir leur pays, en pleine guerre des Balkans, alors qu’elle n’avait que deux ans. La famille s’est installée à Berlin, ville où elle réside toujours. C’est au studio Hansa berlinois qu’elle a jeté les bases de son second album, accompagnée d’un groupe comprenant de nombreux claviers, guitare, basse, batterie, percussions, ukulélé et sax alto ainsi que le Rothko String Quartet. Elle s’est ensuite rendue à Londres pour finaliser le travail avec le multi-instrumentiste et producteur Chris Hyson (Snowpoet). Ce dernier l’a incitée à remplacer certains instruments par des synthés et des effets spéciaux. Du coup, son jazz a pris des sonorités beaucoup plus fédératrices, susceptibles de toucher divers publics. Au fil des onze titres (incluant une reprise de « Wish I Didn’t Miss You » popularisée par Angie Stone) la chanteuse-compositrice nous emmène dans un singulier univers musical fait de jazz contemporain, moderne, vocal incluant aussi de l’art-pop. Mais, au détour des titres, de certains passages, en soutien ou en leader, le classique est aussi convié via le quatuor à cordes. Quand ce ne sont pas des passages assez progressifs qui sont entendus, notamment via les suites de notes complexes à la guitare sur la fin du titre « Only Child » ou au milieu de « May ». La musique qui nous est proposée est assez tourmentée, parfois dissonante, énergique ou contemplative. Quelques moments sont aussi cédés aux improvisations aussi bien instrumentales que vocales et là, selon nos goûts musicaux, nous apprécierons, ou pas ! Elle avoue que la chanteuse islandaise Björk fait partie de ses artistes préférés, en apporte-t-elle la preuve avec un morceau qui porte le titre de « Dancing in the Dark » ? Une référence au perturbant film réalisé par Lars von Trier? Laissons là cette brève diversion pour conclure cette chronique en insistant sur le fait que Mirna, ses musiciens et son producteur ont réalisé un album différent, curieux, qui requiert notre attention dans sa complexité mais laisse notre esprit s’évader dans ses passages plus lumineux comme sur la plage titulaire où sur le chaloupant art-pop « Finding Closure » qui inclut un solo de sax mainstream mais convaincant. Des mélodies immédiates qui surgissent sans prévenir, de belles alternances qui font de « Awake » une œuvre spéciale et réussie.

Claudy Jalet