Murcof : The Alias Sessions
Cela fait maintenant vingt ans que Fernando Corona déploie son art sonore sous la bannière Murcof. Au départ, ce musicien mexicain recourait à une multitude de très courts samples extraits de disques de compositeurs de musique classique. Par la suite, il a affiné ses méthodes, travaillé ses reliefs, amplifié son champ sonore, en poursuivant une démarche qu’il revendique un peu à la façon d’un credo : tenter de donner au médium numérique une dimension humaine, une chaleur acoustique. Il a également invité des musiciens à le rejoindre, le temps de collaborations épisodiques, ainsi avec Erik Truffaz, Philippe Petit ou encore avec la pianiste française Vanessa Wagner. Murcof a écrit par ailleurs la bande son de plusieurs films. « The Alias Sessions » se présente comme un diptyque. Le premier disque intitulé « Contre-Mondes » compile une petite dizaine de vignettes tandis que le second titré « Normal » est un rien moins étendu en durée, avec sept entrées. C’est un travail de longue haleine, initié en 2017, quand Corona a rencontré le chorégraphe Guilherme Botelho, la cheville ouvrière de la compagnie de danse Alias établie à Genève, d’où le titre du disque. Deux décennies après ses débuts, cet album résume à sa manière le cheminement de Murcof et incorpore les divers éléments qui ont fait son trademark. Une musique cinématographique, plastique et sensuelle. Une musique qui s’écoute en roulant, aussi bien en longeant des friches industrielles déglinguées en Lorraine qu’en avançant à faible vitesse sur la nationale 85 entre Longlier et Vaux-sur-Sûre, quand votre regard se perd au loin, plongé dans les pâtures détrempées par les grêles incessantes des premiers jours de mars.