Naïssam Jalal : Healing Rituals
Les couleurs du son / L’autre distribution
J’avais besoin de me retrouver seul avec Naïssam. En tout bien tout honneur, je le précise. Et d’ailleurs, quand j’écris « Naïssam », mon regard se porte également sur le magnifique trio qui l’accompagne sur ce disque : Clément Petit (chœurs, violoncelle), Claude Tchamitchian (contrebasse) et Zaza Desiderio (batterie). En tout, quatre patronymes dont la prononciation nous renvoie à une belle diversité culturelle. Donc,… J’avais tenté une écoute dans la voiture, en marchant dans la ville, dans le train, et même dans l’avion (beaucoup trop bruyant). Rien n’y fit ! Définitivement, pour atteindre la plénitude que ce disque pouvait m’offrir, seul l’isolement – le face-à-face – s’imposait.
Avec ces huit rituels adressés aux éléments naturels qui nous entourent, il est question ici de panser les plaies. Quelles plaies ?! Personnellement, je n’ai pas vraiment à me plaindre de mes conditions d’existence ou de ma santé… Mais d’autres oui ! « Healing Rituals » a été conçu pour ceux qui ont besoin d’une guérison, de compassion. Naïssam elle-même a vécu un moment douloureux durant lequel elle a eu besoin de s’appuyer sur l’épaule d’un ami musicien dont les notes lui ont redonné force et espoir. À son tour, en compagnie de Clément Petit, elle a souhaité « jouer en chambre » afin de rendre à d’autres le traitement qu’elle avait eu la chance de recevoir. La musique comme un baume, la répétition des notes qui nous enivre et nous conduit à la transe.
Au-delà, tout est intact : le talent de la flûtiste/vocaliste, l’intensité du propos, les mélodies qui ondoient dans un parcours oriental. Mais ici, on ajoute un « + », une inspiration qui fait qu’un beau disque devient une œuvre incontournable.
J’avais besoin de me retrouver seul avec ce disque, que j’avais pourtant écouté (tant bien que mal) et apprécié une bonne vingtaine de fois. J’ai enfin compris – sans rentrer dans les détails d’une méditation – pourquoi. On a bien souvent besoin de prendre du temps pour soi, d’arrêter la machine infernale qui nous pousse à toujours « faire », « produire ». Et parfois, comme lorsque vous êtes alité ou malade, vous n’avez pas vraiment le choix… Pour l’une comme pour l’autre de ces situations, l’écoute de ce disque procure un bien énorme !
Retrouvez l’interview de Naïssam Jalal dans JazzMania.