Oboman : Jumpin’ With Art

Oboman : Jumpin’ With Art

Cristal Records

Jean-Luc Fillon, qui a décidé de prendre le pseudo d’Oboman, est passionné depuis toujours par les sonorités fluides du hautbois et du cor anglais. Il a poursuivi des études classiques au Conservatoire d’Aubervilliers puis de jazz. Il a fait partie de l’Orchestre Symphonique d’Europe puis a formé le groupe Jazzogène avec lequel il a enregistré « Rhapsodie in Blue » et « Echoes of Ellington » avec Glenn Ferris. Il a aussi enregistré « Plays Cole Porter » en trio et « Oboreades » avec Didier Ithursarry à l’accordéon.

Ici, il rend hommage à la musique des Jazz Messengers d’Art Blakey qu’il avait vu en 1982 à Mantes-la-Jolie. Pour cela, il a fait appel à Frédéric Aymard qui, comme Mat Maneri, se consacre au violon alto qu’il a étudié au Conservatoire de Paris puis au Centre des Musiques de Didier Lockwood. Celui-ci a croisé Pierre Blanchard, Ornette Coleman, Pat Metheny et Laurent Cugny. Au piano et Fender Rhodes, Olivier Hutman, qui a croisé Denise King, Gary Smulyan (bs) et Steve Slagle (as). A la contrebasse, Bruno Rousselet qui a joué avec Hervé Sellin, Gordon Beck, Richard Galliano et Glenn Ferris. A la batterie, Karl Jannuska qui a quitté son Canada natal pour Paris où il a croisé François Théberge, Hervé Sellin, Lee Konitz, Brad Mehldau, Dave Liebman, Mark Turner et Enrico Pieranunzi.

Au répertoire, 11 titres chers aux Jazz Messengers : un de Bobby Timmons (« So Tired »), un de Freddie Hubbard (« Crisis »), deux de Cedar Walton (« I’m Not Sure’, « Martha’s Price ») et 7 de Wayne Shorter, dont « This Is for Albert » dédié à Albert Ayler.

Les volutes du hautbois d’amour comme celles du cor anglais se marient à merveille avec la sonorité plus grave de l’alto. Fillon explore tout le spectre lyrique de ses instruments en empathie avec le violon alto. Le tout soutenu par les voltiges du piano (« Armageddon » de Shorter) ou les sonorités électriques du Fender Rhodes (« I’m Not Sure » de Walton). Chacun est mis en valeur à travers des solos : Fillon notamment sur « This Is for Albert », violon alto sur « I’m Not Sure », piano (« Martha’s Price »), contrebasse (« Africaine » de Shorter), le tout sur un rythme groovy.

On fait donc un périple à travers la musique des Jazz Messengers de la grande période.

Claude Loxhay