Octurn, Songbook Of Changes

Octurn, Songbook Of Changes

Octurn, Songbook of changes

WERF/KAAP

Voici le treizième album d’Octurn, depuis “Chromatic History” de 1994. La formation à géométrie variable existe donc depuis plus de 20 ans, avec un personnel qui fluctue autour du saxophoniste baryton Bo Van Der Werf, mais avec une série de complices fidèles, comme ici, le pianiste Fabian Fiorini, présent sur huit albums et cela, dès 2000 pour “Round”; le claviériste Jozef Dumoulin, présent sur six albums et cela, dès 2006 pour l’album “21 Emanations” et, enfin, le flûtiste Magic Malik présent lui aussi sur “21 Emanations” et sur “XPs Live” en 2007. Le changement vient ici de la rythmique. En lieu et place de la basse électrique de Jean-Luc Lehr ou Otti Van Der Werf, Octurn accueille le contrebassiste hollandais Clemens Van Der Feen, qu’on avait découvert au sein du groupe Narcissus aux côtés de Robin Verheyen et que l’on retrouve sur le “Joni Mitchell Project” de Tutu Puoane. Enfin, à la place des polyrythmes très marqués M’Base de Chander Sardjoe, Xavier Rogé ou Stéphane Galland, on retrouve ici la batterie tout en nuances de Dre Pallemaerts (beau jeu de balais, notamment sur Song 10 et Black Tara). Après “Tantric College” et “Kailach” enregistrés avec les moines tibétains de Gyuto ou l’album “21 Emanations” dédié à la sagesse de l’hindouisme, Octurn s’engage dans un nouveau voyage spirituel : ce “Songbook Of Changes” s’inspire du Livre des Transformations, ouvrage philosophique chinois basé sur un système de signes binaires: opposition et résolution entre opposés, tel le Yin et le Yang. Mais toujours aussi avec des références à Tara, déesse de la Grande sagesse de l’hindouisme : Red Tara et Black Tara répondent aux Green et White Tara de 21 Emanations. Ainsi, la musique est ici basée sur une volonté de contrastes entre structures binaires. Tout au long des 11 plages originales de ce Songbook, la musique repose sur un contraste entre  la sonorité grave du baryton et celle frêle de la flûte (Song 10, Red Tara) ou celle fragile de la voix de Magic Malik (Song2); entre les sonorités acoustiques d’un piano omniprésent et celles électriques des claviers de Dumoulin (Song 8, Red Tara) ou des effets électroniques bruitistes de Dumoulin (Song 10); entre grands moments de quiétude (par exemple, Song 1 ou Black Tara) et agitation plus nerveuse (Song 14). Avec ce nouvel album, Octurn poursuit sa route méditative.

Claude Loxhay