Oliver Lake, Mathias Landæus, Kresten Osgood : Spirit
À plus de quatre-vingts ans, Oliver Lake poursuit son bonhomme de chemin. Figure historique pour avoir été membre fondateur du BAG (Black Artists Group) de Saint-Louis avec Julius Hemphill, il fut aussi l’instigateur du World Saxophone Quartet avec le même Julius Hemphill, David Murray et Hamiet Bluiett. Influencé par Anthony Braxton et par l’AACM, il a, au cours des ans, posé ses valises à Saint-Louis, à Paris et New York où il fut actif au sein de la scène loft-jazz de la seconde moitié des années 70. Pour autant, le saxophoniste alto a parallèlement mené une carrière solo riche et éclectique, au sein de divers trios ou quartets. Le nombre de musiciens avec lesquels il a collaboré au cours de sa longue vie musicale est impressionnant. Ici, Lake s’entoure du pianiste suédois Mathias Landæus et du batteur danois Kresten Osgood pour un album enregistré live à Lund en Suède, lequel aligne quatre compositions signées par Lake. En ouverture, « Spirit » prend des allures incantatoires pour un morceau qui s’étire sur près d’une vingtaine de minutes. Une ascension digne de Coltrane où chaque musicien concourt à un crescendo sublimé. Les trois compositions qui suivent, plus ramassées, dont la trépidante « Aztec », gardent la cadence. Il y a chez ces trois musiciens une énergie qui frémit tout au long de l’enregistrement et qui, parfois, bouillonne sans crier gare.