Ozaín 4tet : The Missing One(s)

Ozaín 4tet : The Missing One(s)

Mogno Records

Même si les membres de ce combo ont pu être entendus sur scène, Ozaín 4tet est un nouveau groupe et « The Missing One(s) », un premier essai enregistré. Mieux vaut alors commencer par les présentations. Les deux souffleurs sont le saxophoniste Bruno Grollet et le tromboniste Nathan Surquin, tandis que la rythmique se compose du batteur Pierre Hurty et du contrebassiste Gaëtan Casteels. Ce dernier, qui a joué en sideman aux côtés d’Eve Beuvens, Jan De Haas et Daniel Stokart, est de fait le leader de cette formation puisqu’il est l’auteur de toutes les compositions.

Avec son instrumentation atypique et l’absence d’instrument harmonique, Ozaín Quartet n’a pas choisi la voie la plus facile, le défi étant de faire vivre les thèmes et de captiver l’auditeur sans lasser, malgré le handicap d’un son forcément plus brut et plus rugueux. « Carmin », premier titre du répertoire, rassure d’emblée : la mélodie est agréable et les contrepoints entre les deux instruments à vent sont à la fois élégants et sophistiqués. La contrebasse est omniprésente : elle introduit le morceau, assure avec brio le maintien rythmique en tandem avec le jeu dynamique du batteur qui se fend ici d’un beau solo et, à l’occasion, ajoute son grain de sel en stimulant les improvisations des deux solistes. Un des aspects forts plaisants du disque est la grande variété des morceaux qui s’abreuvent à diverses influences, des rythmes africains aux gammes indiennes, en passant par un clin d’œil à la musique baroque, et Bach en particulier, sur « Tempus Fugit ». Mêlant savamment parties écrites incluant de beaux unissons et improvisations débridées, les compositions s’avèrent bien équilibrées et coulent facilement, rappelant même un peu par moment l’habillage et le son du Dave Holland Quintet, celui d’ « Extended Play », qui incluait également trombone et saxophone, mais avec un vibraphone en plus.

Cette musique bien arrangée et vivante mérite le respect pour son audace autant que pour sa réussite et il ne fait aucun doute qu’elle transportera les amateurs d’un jazz moderne ayant définitivement jeté leurs œillères aux oubliettes.

Gaëtan Casteels en concert au Music Village (Bruxelles) le 22 février.

Pierre Dulieu