Paduart, Ker Ourio, Sourisse & Charlier : No Way Out

Paduart, Ker Ourio, Sourisse & Charlier : No Way Out

Pavane Jazz

Il y a des disques qui s’écoutent comme on déguste un vin blanc en fin de journée. Presque sans y faire attention, presque normalement, avant de se rendre compte qu’il est très bon et qu’il a ce « petit quelque chose » qu’on n’avait pas soupçonné à la première gorgée. Ce « No Way Out » de Ivan Paduart est bien plus riche qu’il n’y parait. L’une de ses premières qualités (et non des moindres) est de placer le plaisir avant tout, sans se poser trop de questions. Le pianiste nous invite ainsi à ressentir nos sens, à ne pas retenir nos sentiments, bref, à trouver le plaisir là où il est, dans ce swing, ce groove, ces mélodies et cette mélancolie bienfaisante aussi, parfois. Pour cela, il a réuni autour de lui une fameuse section rythmique (et en terme de rythmes, ils s’y connaissent) : André Charlier (dm) et Benoît Sourisse (org). Hé oui, un orgue Hammond B3 face au piano, ce n’est pas si courant. Ajoutez à cela l’harmonica d’Olivier Ker Ourio pour lui donner la réplique, et vous comprenez que ce disque est assez complexe… dans le bon sens du terme.

Chacun ici se partage les tâches (agréables) et s’aménage les espaces. Les combinaisons de lignes de basse et envolées expressives de Sourisse (« A380 », par exemple) se mêlent au drumming à la fois charnu et pétillant de Charlier (« Bounce » pour ne citer que celui-là), dans lesquels, Ker Ourio se fond avec une inspiration chaque fois renouvelée (« Startosphère », « Draft » et autres…). Quant à Paduart, son lyrisme, tant dans son toucher que dans ses compos (« Ritournelle », « Tango Paradiso » ou « Ukrainian Dream »), se frotte avec jubilation à quelques fulgurances excitantes (« No Way Out »).

Allez, on se reprend un second vin blanc pour encore mieux l’apprécier.

Jacques Prouvost