
Paradoxant : Deux
Délaissant pour une brève période son nouveau métier de berger dans la Drôme, le bassiste multi-instrumentiste bruxellois Antoine Meersseman (ancien membre de BRNS) nous revient, quatre ans après un premier album, l’assez sombre et captivant « Earworm », avec le simplement dénommé « Deux ». Mais aussi sous la forme d’un trio avec le batteur Romain Benard et le nouveau venu Lou Wéry aux synthétiseurs, voix et flûte. Un album qui fait désormais place à la langue française, omettant l’anglais des débuts, mais certaines phrases, paroles, intriguent et semblent se résumer à des énigmes. Cet album a été conçu pendant les temps libres d’Antoine, sans pression. Un album court, presque 29 minutes, qui comprend neuf titres, sur lesquels le trio a placé sa pop expérimentale fortement axée sur les synthés, ses ballades rock parfois denses mais avant tout mélodiques et dansantes. Le groupe se défoule largement sur le fédérateur « Jamais sans personne » à la condition que vos oreilles soient familiarisées avec le punk accompagné de synthés. Et là, sur cet unique titre, il rejoint des groupes aussi jouissifs que La Jungle, René Binamé ou Le Prince Harry ! La voix subit régulièrement des effets et la musique s’éloigne aussi des standards dance, rock et dense en proposant un délicat, jazzy puis noisy « Temps libre » ou une « Aubade » calme, rêveuse, voire même un peu planante en fin de parcours. Certainement un titre inspiré par sa solitude en montagne tout comme ces lignes de couleurs fissurant le noir de la pochette. Autre vision d’une nuit dans les alpages ? Qui sait ? Pour peaufiner certains titres, le groupe s’est renforcé avec quelques invités : Clément Marion (Ada Oda) à la guitare, Ambroos de Schepper au sax, Ben Bertrand à la clarinette basse et la chanteuse lyrique drômoise Amelle Wick, qui intervient sur deux chansons. L’album d’un groupe puisque les compositions sont attribuées aux musiciens, mais il me semble être surtout celui d’un homme qui est parvenu à scinder sa vie en la vivant au travers de deux passions qui lui insufflent le bonheur. On se revoit avec plaisir dans quatre ans ?