Paul Jarret feat. Jim Black & Jozef Dumoulin : Ghost Songs

Paul Jarret feat. Jim Black & Jozef Dumoulin : Ghost Songs

Neuklang

Né à Paris en 1985, Paul Jarret a obtenu son DEM Jazz au Conservatoire de la Région de Paris. A côté de son attachement au jazz, il a, depuis toujours, été attiré par le rock alternatif et les musiques traditionnelles de l’Europe du Nord. En 2010, il fonde son groupe JP5, fusion entre jazz contemporain et rock alternatif, avec lequel il va enregistrer successivement « Word », « Trees »,  et « I Told the Little Bird », avec Jozef Dumoulin déjà en invité. En 2019, il est choisi par l’ADAMI (Société civile pour l’Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes) comme lauréat du dispositif « Talent Jazz ». Il peut ainsi concrétiser un rêve : inviter le batteur Jim Black qu’il a découvert au travers de différents disques. Il est vrai que le batteur américain, incontournable de la scène downtown de New York, a multiplié les rencontres. Outre le trio d’Ellery Eskelin, il a fait partie du Tim Berne’s Bloodcount, a formé le groupe Alasnoaxis avec le ténor Chris Speed et a enregistré « New Sound Plaza » avec le Brugeois Kris Defoort et Mark Turner. Paul Jarret a pu ainsi créer le groupe Ghost Songs, avec notre compatriote Jozef Dumoulin au Fender Rhodes et le saxophoniste Julien Pontvianne (duo avec le claviériste Alexandre Herer et membre du Onze Heure Onze Orchestra, avec, entre autres, le saxophoniste Stéphane Payen et Michel Massot). Pour cet album, huit « Ghost Songs » du leader, des mélodies simples, comme en filigrane, à la manière de « fantômes » obsédants et trois « Specter », plus ouverts à l’improvisation. Paul Jarret y montre toute la diversité de son talent : sens de la mélodie aux atmosphères planantes et obsessionnelles comme aux fulgurances d’une énergie rock, tout cela en parfaite osmose avec les climats irradiants du Fender Rhodes, dans une interaction constante. La mélodie est aussi portée par la sonorité fluide et lisse, un peu à la manière de Mark Turner, de Julien Pontvianne dans une alternance entre climats volontairement planants (« Ghost Song » 1, 2,  4, 5) et fulgurances davantage rock propulsées par la batterie (« Ghost Song » 3, « Specter » 1, 2, 3). Jim Black a un jeu décalé, il « n’accompagne pas », en ce sens qu’il n’est pas esclave du rythme imposé par les solistes. Il crée son propre univers, avec une technique hors du commun, alternant frappe sèche sur la caisse claire et sonorité sourde de la grosse caisse. Un effet qu’il obtient, comme l’a révélé Kris Defoort en interview, en relâchant la tension de la peau de cette grosse caisse. Le quartet propose ainsi un univers très personnel, avec, en contre plan, des mélodies volontairement simples.

Claude Loxhay