Pépites #21, Around Jazz

Pépites #21, Around Jazz

Around Jazz, quelques pépites…

C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.

 

Lars Danielsson & Paolo Fresu,

Summerwind 

ACT MUSIC

Le son et les mélodies que peuvent produire deux instrumentistes aguerris qui réunissent leurs compétences sur la durée d’un album est juste incroyabel ! Il ne s’agit pas de n’importe qui, on vous l’accorde. Le contrebassiste suédois Lars Danielsson et le trompettiste sarde Paolo Fresu écument scènes et sillons depuis une bonne trentaine d’années. Inévitablement surgit ce « Summerwind », enregistré à l’initiative du producteur Siggi Loch (qu’il soit loué, celui-là). Ici, un écho discret sur la trompette. Plus loin, une réverbération pertinente sur la contrebasse. A peine quelques overdubs. Tout se situe dans la mesure. L’art de maîtriser au mieux l’espace et notre temps. Et quand le temps suspend son envol, que les arpèges du contrebassiste invitent les chorus du trompettiste à la transe, le Nord et le Sud ne s’épousent-t-ils pas ? Pour le meilleur.

 

 

Anja Garbarek,

The Road Is Just a Surface

DRABANT MUSIC

“The Road Is Just A Surface – The original full-length theatrical version : cela faisait un très long moment que nous n’avions plus goûté aux chansons brumeuses de la musicienne norvégienne, fille de qui vous savez. Treize ans en fait ! Il faut remonter à 2005 et la bande-son du film de Luc Besson, « Angel-A » pour retrouver la trace de cette chanteuse éternelle adolescente (la voix demeure intacte) et qui approche néanmoins les cinquante ans. Tout est resté intact, pas seulement la voix ! Anja Garbarek, mieux que n’importe qui, a toujours su habiller ses belles mélodies de beaux arrangements. Ce « Road is Just a Surface » présenté sous la forme de deux volets (les mêmes chansons dont les mixages sont réadaptés) ne surprendra pas ses fans. Mais les rassurera ! En revanche, il pourrait très bien conquérir le cœur des amoureux de la première heure de Björk, dont l’œuvre prend des chemins déroutants depuis quelques années. Avec ce disque qui s’inspire de la détresse psychiatrique, Anja Garbarek nous offre une pop sensuelle, bourrée d’effets électroniques, à taille humaine. C’est beau et audacieux : on en redemande !

Sylvain Darrifourcq In Love With,

Coïtus Interruptus

GIGANTOMIUM

Entouré des frères Ceccaldi (violon, violoncelle), Sylvain Darrifourcq nous propose une suite virtuose à son « In Love With ». Pas de ménagement possible : ce maître des fûts taille la mélodie en pièces pour emporter l’auditeur au-delà des raisonnements pratiques. Son langage est personnel, actuel et d’une précision mathématique. Vous l’aurez deviné, le chemin suivi par Sylvain Darrifourcq est pleinement jubilatoire et extrêmement escarpé. Pour les amateurs d’aventures, à suivre jusqu’au bout, sans interrompre son plaisir.

Joseph « YT » Boulier