Pépites #27, Around Jazz
Around Jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Jungle by Night, Livingstone
Et revoici Jungle by Night, toujours dans la lignée de ce parfait nouveau jazz qui nous affriole. Nouveau jazz en provenance de l’Outre-manche, et dont les cigognes migratoires ont déposé ça (la Flandre est particulièrement bien gâtée) et là (Amsterdam en ce qui concerne le combo qui nous occupe ici) quelques colis dont nous reparlerons encore abondamment et en bien toute cette année. Depuis le quatrième album « The Traveller » paru il y a deux ans et demi, les Néerlandais se sont procuré de nouveaux angles de vue. Toujours aussi festive (pas de doute à ce sujet, leur éternel objectif demeure le fun), leur musique de série B atteint à présent un degré d’enthousiasme rarement entendu, tout en s’éloignant de l’éthio-jazz qu’ils apprivoisent pourtant assez bien. Claviers vintages et cuivres astiqués enveloppés dans une rythmique crâneuse : pas de doute, la saison des carnavals arrive !
Hyleen, B-Side
Ainsi, en chacun de nous sommeillerait une « face B »… Celle du 45 tours, que l’on négligeait lorsque le bras du tourne-disque amorçait son mouvement de retour. A tort bien souvent ! On l’imagine pourtant difficilement, cette « face B », dans le chef de la chanteuse (de talent)/guitariste (de talent)/compositrice (de talent) Hyleen. Son album nous fait plutôt un effet « cash », à prendre ou à laisser. Hyleen vous balance ses treize chansons sans chichis, en force (funk) ou en douceur (soul), à l’instar d’une Selah Sue dont elle pourrait partager l’arbre généalogique. Comme un Prince au féminin… Enregistré dans des conditions « live », ce qui apporte une touche d’authenticité supplémentaire au propos, ce « B-Side » est superficiellement beau et intérieurement captivant.
Thamel, Prairie blanche
Votre magazine Jazz Around a largement évoqué le cas Jérôme Mardaga dans ses colonnes ces dernières semaines. A l’heure qu’il est, son « Raid aérien » tourne toujours sur nos platines comme un Derviche Tourneur en pleine cérémonie sema. Pour cette occasion, le musicien liégeois abandonnait un Jeronimo à son triste « Éternel petit groupe (de m…) » pour se concentrer sur un répertoire dont les ambiances rappellent les premiers albums de Cure, à l’orée des années quatre-vingts. A défaut d’être ambigu (nos lecteurs ont pu noter que l’homme n’est pas un adepte de la langue de bois), Jérôme n’est pas non plus un modèle de stabilité. Et qu’importe, voire tant mieux, puisqu’en terme de création artistique, celui qui n’évolue pas a tendance a régresser. Comme il nous l’avait annoncé (relire à nouveau son interview ), Mardaga délaisse cette fois guitares, rythmiques et voix au profit du Buchla Music Easel et du Make Noise 0 Coast dont seuls les aficionados connaissent le mode d’emploi. Avec Themal et ce nouvel album « Prairie blanche » inspiré « de l’air et de la lumière captée lors d’un voyage dans le Colorado », il secoue à nouveau le cocotier, s’éloigne de quelques pas et contemple la chute des fruits qui lui donneront belle cueillette. Celle-ci plaira sans aucun doute aux passionnés du genre ambient (Klaus Schulze pourrait être une référence s’il fallait en citer une). Ce qui nous réjouit très sincèrement… Live & release party au Lost in Sound (Liège) ce samedi 23 février.
Joseph « YT » Boulier