Pépites #60, Around Jazz
Around jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Abekejser,
Floating Through The Universe
Dès l’entame de l’album et plus encore à l’écoute du second titre Magical chanté au vocoder, on ne s’attend pas à ce que ces chansons soient jouées par des musiciens dont les noms (Jeppe Lavsen, Adrian Christensen, Rasmus Fisker Pedersen) sonnent typiquement danois… (et inversement). Abekejser (du nom danois de l’Empereur Tamarin qui vit dans la forêt) provient pourtant bien de la scène animée de Aarhus et non des States. On pense bien plus au jazz moderne américain, celui qui a pour source emblématique le Rock It d’Herbie Hancock et qui a progressé avec les décennies jusqu’à l’avènement de Robert Glasper. Abekejser (il faudra s’habituer à épeler ce nom), c’est un peu ces références-là, la fusion du disco, de l’électro et du jazz. Les vocoders, les sons synthétiques et les drum-machines. Machines déformantes dont le seul objectif est de vous plonger dans le fun, le groove, la danse… Ca peut sembler être très futile, facile ou inutilement complexe, mais au bout du compte, le quintet finit par vous arracher un grognement de satisfaction. Mission accomplie !
Luz Da Lua,
Illuminations
Le projet Luz Da Lua (que l’on pourrait traduire par « Lumière de lune ») est né de la rencontre entre l’expérimenté contrebassiste André Klenes et le guitariste/voyageur Adrien Brogna. Tous deux se passionnent pour les sons latins et se lancent tout naturellement dans cette aventure. Mieux que la relecture d’un répertoire établi, ces « Illuminations » proposent une dizaine de compositions sur mesure qui se marient parfaitement aux tonalités chaudes de l’Amérique du Sud. Autour d’elles, le répertoire s’élargit aux légendes argentines (Mariano Mores) ou brésiliennes (Caetano Veloso, Jobim et Gismonti pour l’emblématique Frevo), tandis que le duo se mue en trio au gré des humeurs (Sébastien Walnier au violoncelle, Osvaldo Hernandez Napoles aux percussions et même le trompettiste Antoine Dawans pour un titre). Talent et expérience, ce chemin tout tracé à la lumière de la lune ne pouvait aboutir qu’à un réchauffement climatique.
Concerts « release » : le 7 décembre à la Chapelle du Couvent des Sœurs Noires (Mons), au Grand Curtius de Liège, le 15 décembre puis à l’An Vert (Liège), le 24 janvier et enfin à l’Atelier Marcel Hastir (Bruxelles) le 15 février.
Boolvar,
Boulevard de la Chapelle
On sait très peu de choses au sujet du duo français Boolvar. Une biographie minimaliste accompagne le cédé promotionnel; la toile se trouve à peine plus loquace… Bref, et pourquoi pas puisque ça objective le ressenti, on se lance dans une écoute « à l’aveugle ». Si on reconnaît immanquablement les sonorités de la batterie (souvent jouée en toute liberté), il est plus ardu de reconnaître la flûte, et surtout les voix, noyées sous les effets électroniques. On se demandait ce que ces deux instruments allaient pouvoir s’apporter l’un à l’autre sur la longueur d’un (mini) album… La réponse se situe devant nous, ou plutôt entre les oreilles. Dotés d’un sens imaginatif redoutable, Delphine Joussein et Sheik Anorak nous emmènent sur les pistes glissantes d’un post jazz aux allures de métal rock qui ne délimite jamais l’étendue de ses possibilités. « Une flûte poussée dans ses retranchements, une batterie sous pression (…) ». Ces quelques mots pêchés dans la biographie suffisaient largement, en effet…
Joseph « YT » Boulier