Pépites #17, Around Jazz
Around Jazz, quelques pépites…
C’est du jazz… mais pas tout à fait non plus. Voici une collection de disques qui méritent qu’on leur rétrocède une oreille très attentive.
Pédro Kouyaté & the Fugitives,
Vis ta vie
ACTIVE RECORDS
Cette semaine, les « pépites » empoignent leur bâton de pèlerin pour vous emmener aux quatre coins de notre belle planète. Il s’y passe des choses, c’est sûr ! Le Mali d’abord, enfin, plus tout à fait. Pédro Kouyaté a quitté son Bamako natal pour rejoindre Paris en 2006, où il a dû se battre pour obtenir la reconnaissance qu’il méritait. De l’obtention d’une accréditation RATP qui lui permettait de se produire dans le métro parisien à ce « Vis ta vie » de toute beauté, le chemin a été long et parsemé – on n’en doute pas un seul instant – de gros doutes. Mais l’homme a su aussi rallier son entourage à sa noble cause et à un talent indiscutable. Ses Fugitives en premier lieu, soit Bud et Benoit Daniel qui ont su tisser des nappes d’électro-jazz pertinentes, sans dénaturer la musique de Pédro Kouyaté et sans lui voler une partie de son âme. Au gré des douze plages de l’album, on croise les chemins de quelques vieilles connaissances, comme les rappeurs Rocé et Oxmo Puccino, comme l’harmoniciste Jean Jacques Milteau, ou encore comme la chanteuse Mamani Keita. Résultat : un magnifique disque de world contemporaine et un apophtegme que l’on brandit comme un étendard : Vis ta vie !
Eténèsh Wassié & Mathieu Sourisseau (invitent Julie Läderach),
Yene Alem
Direction à présent l’Ethiopie, dont le fonds de commerce abrite depuis toujours un trésor musical indiscutable. Régulièrement, des forces vives s’animent pour que des artistes comme Mahmoud Ahmed, comme Girma Béyéné ou comme Eténèsh Wassié ne sombrent pas dans l’oubli et les caves des archivistes. Grâce au label Buda (et plus particulièrement grâce à la collection « Ethiopiques »), les expressions « Ethio-jazz » ou « Swinging Addis » nous restent familières. Mais revenons-en à ce « Yene Alem » qu’il convient d’empoigner à pleines mains et d’embrasser de tout son corps. Ils sont trois, sans effets ni âpreté. Et ca suffit amplement. Au chant, parfois harangué de façon puissante, s’ajoutent une contrebasse et un violoncelle pour un entrechoc de cordes à trois. Du free-jazz au punk-rock le trio nous emmène sur des chemins si boueux qu’ils en deviennent confortables. Il faut oser aimer cette musique au dépouillement riche de ses contraintes. Vous ne le regretterez pas ! On en revient plus fort !
NaWaRis, Migration
On poursuit plus à l’Est, en Asie cette fois, en Irak plus précisément. Quoique : si l’album du groupe repose en grande partie sur le répertoire des musiques traditionnelles irakiennes, l’ensemble NaWaRis se compose pour la moitié (sans compter les invités) de musiciens européens. A l’oud (Hussein Rassim) et aux percussions (Saif Al Qaisi) s’associent le violoncelle de Juliette Lacroix et le soprano de Manuel Hermia. Le mariage est (à nouveau) très réussi et démontre (mais faut-il encore le démontrer ?) que le croisement des genres enrichit la musique. Chapeau bas au label HomeRecords qui bataille ferme à ce niveau-là depuis de nombreuses années.
Zura Zaj, Small Obstacles
On poursuit avec HomeRecords, et on achève notre tour planétaire avec Zura Zaj, un collectif dont on ne connaît pas trop la localisation (la Flandre ?) ni même la composition. Tout ce que la promo nous en apprend, c’est que le trio a composé le matériel de « Small Obstacles » sur le temps d’une décennie, et qu’un colocataire hongrois qui assistait aux répétitions à trouvé que le groupe produisait des « sons étranges » (Zura Zaj dans un dialecte local). En vérité, qu’importe puisque la musique de Zura Zaj est universelle. Elle décline ses sensibilités du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est. Se joue en « live » (sans doute une belle expérience à vivre), sans effets spéciaux, avec des instruments acoustiques : un violon, une guitare, un trombone à coulisse. Le résultat n’a somme toute rien d’étonnant ou de choquant. Juste le plaisir de l’écoute… Que l’on partage !
Joseph « YT » Boulier