Philippe Franck ‐ In memoriam

Philippe Franck ‐ In memoriam

Philippe Franck © D.R.

Philippe Franck
10 avril 1963 ‐ 27 janvier 2025

Tout a commencé au mitan des années 80 par l’envoi d’une cassette. A peine l’avais-je glissée dans le lecteur, que j’ai compris que j’étais en terrain connu. Playtime ! Des guitares branchées sur un flanger, une boîte à rythmes rudimentaire et un chant ardent, fervent. Quelques temps après, j’eus la chance d’organiser un concert de Playtime, le groupe que Philippe Franck avait créé avec son frère. Ses premiers pas en musique. Ce furent les fondements d’une amitié qui allait croître et ne jamais défaillir. Quarante années. Un bail ! Des épiphanies musicales miraculeuses. Des excursions hors des sentiers battus. Quelques voyages on the road.

Philippe me poussa à lire Baudrillard et Maurice Dantec. Je lui fis découvrir l’Indiana et le Kentucky Fried Chicken. Nous nous plaisions à nous imaginer anthropologues de terrain de la société de consommation.

En 1996, nous fondâmes Transcultures qui, depuis sa genèse, était son projet. Un projet qui allait le tenir toute une vie et qui évoluerait, avec le temps, en un véritable « Centre interdisciplinaire pour les cultures numériques et sonores » destiné à promouvoir et développer des échanges entre différentes pratiques et dimensions artistiques multimédiatiques contemporaines, reconnu par bon nombre d’institutions publiques. Dans sa lancée, Philippe allait créer le festival des arts sonores City Sonic basé sur le crédo fondateur de « mettre en espace des sons, des paroles et des musiques de manière prospective, poétique et nomade » au sein du creuset urbain.

Parallèlement à ses activités de directeur et de commissaire artistique mais également d’enseignant, Philippe a, depuis très longtemps, été journaliste musical pour des médias aussi divers que Le Drapeau Rouge, Inter : art actuel, mais aussi pour JazzAround qui deviendra JazzMania.

Nous perdons un collaborateur, un instigateur éclairé mais davantage encore un ami qui jamais ne ménagea ses efforts pour faire progresser la cause artistique qu’il soutenait avec ardeur. Nous le retrouverons, là où il caresse les nuages.

N.B. : Le hasard fait que nous allons chroniquer, quelques jours après son décès, son dernier disque, « Caressing the Clouds », publié sous le nom de sa compagne Isa*Belle et Paradise Now, son alias de musicien.

Eric Therer