Simone Alessandrini Storytellers : Circe

Simone Alessandrini Storytellers : Circe

Parco Della Musica Records / Xango Music Distributio

Aux confins de la musique classique, de l’opéra, du jazz, le flûtiste saxophoniste italien Simone Alessandrini a composé une œuvre inspirée de la « vie » de Circé. Une histoire épique issue de la mythologie grecque et qui narre l’histoire d’une sorcière dont les potions, les drogues, les poisons transformaient l’aspect des humains. Dans l’Odyssée elle change les hommes d’Ulysse en porcs ! D’autres joyeusetés lui sont aussi attribuées. Quant à Simone, il pose avec le masque d’Ulysse sur la pochette ! C’est la chanteuse (et tromboniste) Laura Giavon qui interprète Circé dans cette œuvre. Les textes sont chantés en italien, ils sont reproduits sur le livret dans cette langue et aucune traduction n’est proposée. Me laissant dans le flou. Reste donc pour votre inculte serviteur, la musique. Et là, c’est un régal parce que le compositeur a osé la diversité des genres, tous ceux évoqués en introduction, mais il y a aussi des passages plus farfelus qui ne sont pas sans évoquer d’efficaces fanfares festives et des ambiances rappelant de mythiques scènes filmées par des réalisateurs italiens du passé. Simone Alessandrini dirige un big band de douze musiciens (ses Storytellers ont tous reçu le nom d’un personnage mythologique) comprenant des cuivres en tous genres, mais aussi un guitariste, une harpiste, un bidouilleur de machines électroniques et une section rythmique. L’album s’ouvre sur un chant quasi religieux en solo, progresse accompagné d’une flûte, pour s’enfoncer dans un délire digne de Zappa. Le vibraphoniste calme ensuite les ardeurs de l’ensemble. Avant une pièce de résistance nommée « Xopeia » et ses cuivres imposants, funky, groovy. Puis c’est le vibraphoniste qui intervient pratiquement en solo comme dans une sorte d’interlude. Une guitare évoquant Ennio Moricone / Pulp Fiction se profile mais, dès que les cuivres la secondent, on se sent proche de Calexico ! Et les diversités continuent : une composition débridée, free, noisy étonne mais que dire de sa suite avec cette fanfare de kermesse qui irradie ! Un morceau classique fait place à un solo de contrebasse. Un jazz typique de big band est suivi d’un solo de flûte et, finalement, on arrive à ce très beau condensé avec « Epilogo » morceau sur lequel ils nous quitteront avec le chant de Circé. Un album vraiment différent, intrigant et pourvoyeur, en alternance, de sérénités et de délires. Vraiment déroutant et passionnant.

Claudy Jalet