Phillip-Michael Scales : Sinner-Songwriter

Phillip-Michael Scales : Sinner-Songwriter

Dixiefrog ‐ Références DFGCD 8824

Scales est le neveu de B.B. King mais, du vivant de son oncle, il n’a pas voulu capitaliser sur ce lien et, après ses classes au célébrissime Berklee College of Music, il s’est éclaté dans un répertoire rock et soul jazzy. Après le décès du maestro, Scales est revenu aux fondamentaux et a adopté un blues teinté de soul dans ses compos et ses interprétations. Chez Dixiefrog, il réussit la gageure de proposer 14 compos originales, toutes en tempo lent, sans ennuyer ni donner envie de zapper ! Il faut dire que tous les lyrics sont puissants et super bien foutus et qu’on peut les suivre en direct puisque les transcriptions sont dans le livret d’accompagnement. Néanmoins, je reste sidéré qu’on puisse se cantonner à un tel tempo tout du long d’un album sans faire regretter l’absence de faces rapides ou, tout du moins, bien enlevées… Et pourtant, ça marche !

Autre curiosité : Scales est un jeune trentenaire au physique avantageux. Et pourtant, il relate surtout des histoires d’amours malheureuses, de ruptures, de doutes, de jalousie et de séparations. Cela foisonne dans sa production ! Où est l’erreur ? Bien sûr cela n’est pas nécessairement autobiographique mais c’est interpellant. Ainsi, dans « Send Me There », l’amour est une source de désillusion (… Love is so much distractful. Is it worth the pain ?…). « Lay It On Me » est une ode au doute (Truth on your face, not in your mouth…). Et que dire de « Your Love’s Working Me to the Bone » : caramba, encore raté ! (Nothing works as hard as I try…). Et rebelote avec « Another Man’s Sin » (You lit a fire and you walked away…) ou avec « Lover Let Me Be » (Lie to yourself but don’t lie to me…). Il y a peu de variantes : « Go Easy on Me » prend un contre-pied bienvenu, c’est la rédemption, la résurrection par l’amour (You took a sinner and made him faithful…). Mais c’est reparti comme avant avec un « When They Put Me in My Grave » (avec la participation d’Archie Lee Hooker) au ton tragique et désabusé. Il y a quand même d’autres faces plus positives comme « Feels Like Home » (I don’t know where I’m going but it feels like home…) ou le single « O, Hallelujah » (il a enfin trouvé une partenaire selon ses vœux). Pour « Get Grown », en conclusion de l’album, c’est plus mitigé avec, quand même, une exaspération sous-jacente… (cesse donc de glander… grandis !). Du grand art.

Robert Sacre