Piano-ci, Piano-là
4 fois 88 touches qui vous touchent un peu, beaucoup…
Henrique Gomide
Portais
Challenge records / New Arts International
Né à Sao Paulo, Henrique Gomido y a suivi le cursus de piano classique à l’Université de Sao Paulo avant de s’envoler pour le vieux continent où il s’est arrêté à La Haye pour une formation en piano jazz. Il vit aujourd’hui à Cologne où il se partage entre des enregistrements de musique classique et de jazz, en trio, big band ou ici en solo. « Portrais » est construit comme une promenade au milieu de ses compositeurs brésiliens préférés : Egberto Gismonti ouvre l’album avec le savoureux « Frevo » à la mélodie sautillante, et revient plus loin avec « Loro » et Palhaço » ; Baden Powelll et « Canto de Xango », le magnifique « Beatriz » de Edu Lopo et Chico Buarque. Le pianiste entrecoupe cette ballade sud-américaine de sept miniatures de sa composition, sept courtes respirations souvent tendres, parfois enlevées qui ne dépassent qu’à deux exceptions la minute. Au-delà de son attachement à la culture musicale de son pays d’origine, on ressent dans le jeu d’Henrique Gomide tout le travail classique qui donne à sa musique une classe indéniable. À découvrir.
Nitai Hershkovits
Call on the Old Wise
ECM / Outhere
On connaît le pianiste Nitai Hershkovits pour sa collaboration à quelques-uns des albums-phares du contrebassiste Avishai Cohen : « Duende », « Almah » ou « From Darkness ». Pour son premier album à son nom sur le label ECM, le pianiste propose un répertoire personnel en solo, partiellement dédié à son professeur Suzan Cohen sur les trois titres « The Old Wise », « Of Mentorship » et « For Suzan ». On ressent dans la plupart des compositions l’apport classique, les explorations plus contemporaines et plus subtilement l’influence du jazz, surtout dans la balance entre exposé des thèmes et improvisation libre. Son travail sur les couleurs et les textures fait penser par moment à Keith Jarrett, par la spontanéité de ses improvisations, mais aussi à de grands compositeurs qui l’ont influencé, comme Scriabine ou Rachmaninov. Nitai Hershlovits s’inscrit bien dans la lignée de ses prédécesseurs dans la très large collection de piano solo du label ECM.
Jan Geijtenbeek
In Between
Challenge Records / New Arts International
Le pianiste hollandais a vécu dans le Massassuchets alors que son épouse y faisait des recherches à Harvard. Ce séjour l’a totalement inspiré pour cet album en trio dont la plupart des titres évoquent son séjour américain. Cet album est donc conçu comme une promenade entre « 104 Oxford Street », sa résidence, et le « Longfellow Bridge » en écoutant « Dayton, Ohio » ou en se baladant « A Sunny Day in Cambridge ». On ressent dans toutes ces compositions comme une joyeuse nostalgie, une sorte de rêverie poétique que traduisent des compositions simples mais agréables. À écouter le soir au coin du feu (ça tombe bien, c’est bientôt l’hiver !) en transposant les souvenirs de Jan dans quelque voyage plus personnel.
Michel Reis
For a Better Tomorrow
Kepach Music / CamJazz
Rien que le titre de l’album vous donne envie d’écouter le disque de ce pianiste luxembourgeois : par les temps qui courent, il est permis et même conseillé de rêver. Ne cherchez pas chez Reis l’esbroufe technique, le pianiste n’est pas un « showman » qui s’emploie à des concours de vitesse sur le clavier. Il cherche avant tout à rendre sa musique accessible, mélodique et agréable. Ceci n’empêche pas qu’on soit capté par la sonorité de son jeu, par des trilles enjoués, une fluidité parfois plus proche d’une harpe que du piano. À côté de neuf compositions du pianiste, on trouve deux titres peu connus de Bob Dylan : « Simple Twist of Fate » de « Blood on the Tracks » en 1975, et « Chimes of Freedom » de « Another Side of Bob Dylan » en 1964. Un disque qui mérite une écoute sensible par les (mauvais) temps qui courent.