Pinhas & Cleveland, Mu
Richard Pinhas & Barry Cleveland, Mu
Et revoici Richard Pinhas, le pionnier lunaire auquel on doit les premiers balbutiements de l’électro française… L’homme qui, dès 1974, au sein du groupe culte Heldon, a marqué l’histoire du rock progressif de son empreinte. Celui encore qui, en compagnie de l’écrivain Maurice G. Dantec (décédé il y a un peu moins d’un an), avait donné naissance au projet joliment nommé « Shizotrope », qui fusionnait des lectures de textes de Gilles Deleuze avec des boucles musicales avant-gardistes (les fameux Metatronics). Richard Pinhas donc, qui, à l’âge d’une retraite légale méritée, poursuit son labeur avec la conviction d’un jeune métayer…
Cette fois, c’est le guitariste/joueur de synthétiseurs Barry Cleveland, une sorte d’alter ego américain qui l’accompagne dans de nouvelles aventures bicéphales. Lui aussi – un amateur des tape-looping que l’on doit à Terry Riley – produit des disques planants et expérimentaux. Pour cette première collaboration, le duo s’est associé à deux vieux complices de Cleveland, soit la section rythmique Michael Manring/Celso Alberti, sans laquelle, il faut le reconnaître, leur musique aurait pu basculer du côté obscur de l’ennui.
Il n’en sera rien : dès la première plage du cédé (le tribal Forgotten Man) on ressent un bon feeling… « Mu » nous fera passer un agréable moment d’écoute confortable. D’ailleurs, les quasi vingt-six minutes de dub improvisé de I Wish I Could Talk in Technicolor valent à elles seules son achat… Et si par la suite, le soufflé retombe un peu (il faudra bien se coltiner quelques moquettes synthétiques d’un autre âge), nous n’éprouverons aucune difficulté à atteindre la fin de l’album sans bailler. A ce petit jeu, beaucoup nous auraient servi une soupe New Age particulièrement fade… Nous en connaissons, mais nous ne citerons aucun nom. Au contraire, avec « Mu », on déguste un album d’ambient jazzy plutôt réussi…
Joseph « YT » Boulier