Pinheiro, Ineke & Cavalli : Turn Out The Stars – The music of Bill Evans
Challenge Records / New Arts Internartional
« Inspiré par la musique du pianiste Bill Evans, le trio explore ici de nouvelles facettes de sa musique », nous annonce le texte du livret. L’évidence vient d’abord du line-up : pas de pianiste ici, mais bien un guitariste. Ricardo Pinheiro est portugais, a étudié au fameux Berklee College of Music de Boston et a déjà derrière lui quelques collaborations impressionnantes. Avec Dave Liebman, Mario Laginha et la rythmique Ineke/Cavalli pour l’album « Is Seeing Believing ? » ou déjà avec la même équipe (« Triplicity »). Pour compléter le trio : le batteur Eric Ineke, septuagénaire hyper-actif depuis les années ’60 avec tous les meilleurs Américains tournant en Europe (n’en citons que quelques-uns : Johnny Griffin, Dexter Gordon, Dizzy Gillespie, Hank Mobley…) et le contrebassiste italien Massimo Cavalli, installé au Portugal, qui a collaboré avec Jean-Pierre Como, Antonio Farao ou Benoit Sourisse. Pour respecter les couleurs de la musique de Bill Evans, il fallait un musicien à la technique sans faille, à la sensibilité à fleur de peau et ayant un sens de l’improvisation affûté. Et Ricardo Pinheiro a tout cela à la fois. Sept titres du pianiste (dont l’enchaînement subtil entre « Turn Out the Stars » et « Time Remembered »), le sensuel « You Must Believe in Spring » de Michel Legrand et en clôture le tendre « Some Other Time » de Leonard Bernstein, forment un paysage parfait de la période romantique de Bill Evans. Le jeu proche de l’acoustique et d’une chaleur constante du guitariste offre à la musique de Bill Evans un écrin idéal, fidèle à l’esprit du pianiste. Un contexte dans lequel se fondent à merveille ses partenaires. Le batteur Eric Ineke, particulièrement, démontre combien si il a travaillé avec les meilleurs hardboppers, il peut être d’une finesse et d’un grand lyrisme pour cette musique très intérieure. Les amateurs de Bill Evans adoreront cette relecture de « Peri’s Scope », « Very Early », « Interplay » et « Waltz for Debby ».
Jean-Pierre Goffin