Ray Charles, Antibes 1961
Ray Charles, Antibes 1961
En 1961, dans le cadre de sa toute première tournée européenne, Ray Charles avait préféré la France. Les organisateurs du festival de jazz d’Antibes/Juan-les Pins l’avaient quant à eux choisi pour la deuxième édition du festival, offrant même à Ray Charles la vedette de 4 des 7 soirées ! Des parties de ces 4 concerts ont, à l’époque, été éditées sur disques, mais il restait des enregistrements complètement inédits, soit 13 en tout. Ce coffret de 4 cédés, accompagné d’un livret, le tout réalisé par Joel Dufour, spécialiste reconnu du «Genius», regroupe donc l’intégralité de ces concerts, ce qui implique des doublons avec des titres qui varient en longueur, en harmonies et en prises de solos par les musiciens de l’orchestre. En bonus : 14 morceaux dont 10 des années 1950 (Tommy Ridgeley, Guitar Slim, Joe Turner et Ray Charles) et 4 de 1962 ( Lula Reed). Ce bonus nous donne à entendre Ray Charles au piano et à l’orgue. En 1961, Ray Charles quitte le label Atlantic pour ABC-Paramount avec ses big bands et ses ballades sur nappes de violons, mais Rat ambitionne encore de développer sa passion pour le jazz, le hard-bop. D’ailleurs, pour sa visite en France, il va reprendre son octet de l’époque Atlantic (avec les saxophonistes David « Fathead » Newman, Hank Crawford…) et, bien sûr, ses Raelets (avec la fantastique soliste Margie Hendrix). Au total il ne joue et chante que sur 3 ballades : deux tubes, Georgia On My Mind et Ruby, ainis qu’un inédit, With You On My Mind. Pour le reste Ray Charles donne libre cours à sa passion pour un jazz dynamique, du hard bop proche du R&B (Doodlin’, Lil’ Darin’, The Story, Popo…) et bien sûr du R&B du top niveau, souvent mâtiné de gospel, Night Time Is The Right Time, What’d I Say, Sticks And Stones, Let The Good Times Roll, Hallelujah I Love Her So etc. Y contribuent pour une large part, les Raelets et une Margie Hendrix déchainée dont la voix donne des frissons sur The Right Time, My baby I Love Her Yes I Do, Tell The Truth. Pour ce qui est des bonus tracks, on pourra en entendre 3 de Ray Charles lui-même, des morceaux gravés pour sa propre compagnie Tangerine, fondée en 1962, mais publiés par Atlantic : It Should’ve Been Me (New York, mai 1953) avec, entre autres Mickey Baker (guitare), Early in The Mornin’ (New York, octobre 1958) avec «Fat Head» Newman, Hank Crawford) et My Bonnie (Basel Radio, Zürich, octobre 1961). Le coffret propose aussi des titres gravés à la Nouvelle Orleans avec son ambiance festive caractéristique et avec Ray dans le rôle d’accompagnateur: 2 morceaux du chanteur Tommy Ridgeley pour Atlantic (août 1953 avec Edgard Blanchard, guitare) et 4 du chanteur/guitariste Eddie «Guitar Slim» Jones (pour Specialty) dont le célébrissime The Things That I Used To Do. On y ajoute l’excellent Wee Baby Blues, une face de Big Joe Tuner avec Ray (New York octobre 1957). Enfin, notons aussi 4 faces de la chanteuse Lula Reed avec Ray, Wallace Davenport à la trompette (Los Angeles, août 1962) publiées à l’origine sous le label Tangerine , parmi lesquelles les superbes Trouble In Mind et Ain’t That Love. On tient ici un document historique exceptionnel, doublé de la garantie d’un réel plaisir d’écoute, alors ne gâchez pas votre plaisir et procurez-vous ce coffret, toutes affaires cessantes.
Robert Sacre