
Renaud Garcia-Fons : Blue Maqam
Cézame Musi Agency / L’Autre Distribution
On ne présente plus le contrebassiste Renaud Garcia-Fons, dont le précédent opus avait été chroniqué ici. Poète de la contrebasse, il nous avait emmenés en voyage dans un univers cinématographique inspiré par des paysages et des danses mêlant avec raffinement les ambiances jazzy et sonorités du Monde. Pour ce nouvel opus, Renaud Garcia-Fons garde à ses côtés Stéphan Caracci qui délaisse ici les percussions pour le vibraphone et les marimbas, le contrebassiste prenant à son compte percussions et claviers. Si Solea Garcia-Fons, la fille du contrebassiste, apparaissait déjà au chant sur « Cinematic Double Bass », laissant entrevoir un talent certain, elle tient ici une place prépondérante, au point qu’on pourrait assimiler ce disque à un album de chanteuse. Quatrième protagoniste de « Blue Maqam » », Jean-Luc Fraya aux percussions et à la batterie apporte aux compositions une vivacité et une pulsion constante.
Les « Maqams » sont des modes sophistiqués sur lesquels repose la musique traditionnelle arabe, et qui ont inspiré le contrebassiste féru de musique orientale. « Blue » ferait référence à la couleur bleue du jazz pour un album enregistré dans le Théâtre du Vesinet en configuration live mais sans public, qui donne l’impression d’une musique parfois improvisée. Au jazz et aux couleurs orientales, ajoutez des textes polyglottes qui mêlent français, anglais, grec et arabe que Solea maîtrise avec beaucoup d’élégance. Mais le maître de cérémonie reste bien Garcia-Fons, éblouissant de bout en bout avec sa contrebasse cinq cordes, multipliant les couleurs, les rythmes, les sonorités avec une douceur et une finesse de tous les instants. Si on avait clôturé la chronique de « Cinematic Double Bass » par un enthousiaste « à écouter ad lib », on a beau chercher d’autres mots pour décrire les perceptions de ce nouvel album, on en revient au même sentiment d’encore et encore.