RG HYBRID PROJECT, ALERTE !

RG HYBRID PROJECT, ALERTE !

RG Hybrid Project

Alerte talents de niveau 4 !

rghybridproject.jimdo.com

Quoiqu’en dise la presse locale et internationale qui, suite aux funestes remous de l’actualité récente, a eu vite fait de pointer du doigt la capitale européenne comme le foyer d’une guerre civile à venir – merci les journalistes, trop souvent canassons décérébrés dans la course au sensationnalisme – qu’il fait bon d’être Bruxellois, surtout lorsqu’on est musicien ! Que de rencontres et de découvertes, humaines et artistiques…

Le jazz, musique qui approche tout doucement de son centenaire d’existence, comporte à présent un nombre incalculable de facettes, fruits des innombrables métissages qui ont émaillé son histoire. Néanmoins, dans la profusion des sous-genres plus ou moins affiliés au jazz, il me semble possible de dégager deux catégories, distinctes malgré leurs frontières (fort heureusement) floues : celle des musiciens qui s’adressent à un public déjà aguerri aux codes du jazz – à la complexité mélodique, rythmique et harmonique, la place première laissée à l’improvisation – et ceux qui, soit par le simple effet de leurs influences, soit par une volonté active d’étendre leur audience, proposent une musique davantage accessible au grand public amateur de pop, de rock ou de hip hop.

C’est clairement dans cette seconde catégorie que joue le RG Hybrid Project, quintet bruxello-parisien qui met le savoir faire de ses jazzmen de formation au service d’un mélange détonant de groove, de hip hop et de soul qui, nom d’un chien, prend férocement aux tripes. Le projet, mené par le jeune vibraphoniste Romain Garcera (le fameux RG !) a débuté il y a quelques années sous la forme d’un “cover band” de l’album “Invisible Cinema” du pianiste Aaron Parks. Le noyau dur du groupe, à l’époque, est un trio constitué de Romain Garcera, Clément Cliquet à la batterie et Emmanuel Camy, à la basse. Le premier est un bruxellois “expatrié”, le second parisien, le dernier d’origine réunionaise. Rapidement, le projet prend une tournure davantage personnelle, Romain amenant des compositions aux répétitions. La sauce prend, le projet de reprises s’estompe, et les contours du RG Hybrid Project se dessinent. À la formation initiale s’ajoutent Camille Noel (piano) et Abel Jednak (saxophone alto)… Et l’aventure commence !

Lorsque je les ai découverts par le biais du clip de Take Your Time, le mot « claque » s’est montré tout particulièrement approprié. En effet, la musique délivrée par le RG Hybrid Project est efficace, viscérale, et provoque immanquablement des hochements de tête aussi compulsifs que satisfaits. Que trouve-t-on sous le capot de cette bête à cinq têtes ? Tout d’abord une basse et une batterie massives à souhait qui portent des grooves complexes et parfaitement en place, colorés par des harmonies chantantes, parfois sombres et soulignées par le timbre singulier du vibraphone. Ce dernier se partage avec le saxophone des thèmes simples qui auront vite fait de s’imprimer au fer rouge dans votre mémoire. En ce qui concerne les solos, ils n’ont pas une place centrale comme ce peut-être le cas dans le jazz plus traditionnel; néanmoins, sachez que lorsqu’ils s’y mettent, cela déménage sévèrement (pour vous en convaincre, jetez une oreille au morceau Chass’ sur leur Soundcloud : Romain et Abel s’y lâchent pour notre plus grand plaisir).

De temps à autres, ils adjoignent à leur formation le flow d’un MC anglophone, Edash Quata, et à l’écoute de morceaux comme Sexual Hunger ou Take Your Time, on ne peut que saluer l’initiative, tant l’apport du lyricist au matériau de base est explosif. Bref : le RG Hybrid Project est un projet prometteur, à suivre impérativement. La musique est accessible, puissante, tout en étant originale, riche et profonde. Le groupe est jeune et la maîtrise parfaite. Outre les morceaux disponibles sur leur Soundcloud, ils préparent actuellement la sortie d’un EP : événement musical qu’il ne faudra pas manquer ! Le potentiel de ce “project” est aussi massif que le groove qu’il envoie à la face de l’auditeur, à bon entendeur…

 Kenzo Nera