Robert Jukič  4 : Res Publica

Robert Jukič  4 : Res Publica

Zavod

Le nom de Robert Jukič n’est pas inconnu chez nous. Rappelez-vous, on a croisé le bassiste slovène aux côtés du saxophoniste belge Toine Thys (époque Take The Duck). Entretemps, il a commis plus d’une quinzaine de disques sous son nom. Il propose ici, avec son quartette, un album très excitant, enregistré « live » au festival de Cerkno. « Res Publica » est le témoignage d’un groupe très complice et engagé. C’est d’abord la trompette de Tomaž Gajšt, brillante et puissante, qui domine la situation. Elle est soutenue par une rythmique haletante, le leader à la contrebasse et Kristijan Krajnčan à la batterie dans un jeu très ouvert, et un saxophone presque doux (Boštjan Simon). Puis, dans le feu de l’improvisation, les choses s’inversent et un dialogue fiévreux s’installe. Si les dix titres proposés ici sont des compositions savamment construites et tirées de deux albums précédents, le quartette n’hésite pas à faire sauter tous les verrous. On est à la limite du free et l’on explore le post-bop avec une même exaltation. Chaque morceau s’enchaîne l’un à l’autre, sans temps mort, pour ne pratiquement plus qu’en faire un seul. « Res Publica » est une sorte de long discours plein de péripéties, avec ses doutes et ses certitudes, avec sa rage et quelques apaisements, avec ses accélérations et ses changements de cadences. Seuls de rares applaudissements ou quelques solos de contrebasse, fermes et intenses, marquent une infime et fragile respiration. « Res Publica » est intense et nous tient en haleine d’un bout à l’autre. Convaincant.

Jacques Prouvost