Serket & The Cicadas : Incantation
Autoproduction / Inouïe distribution
Sous une pochette quelque peu inspirée des comics US, d’héroïc fantasy (même si c’est surtout la mythologie qui est évoquée dans le nom du groupe) arrive un nouveau projet de la pianiste compositrice et productrice française Cathy Escoffier. Bardée de nombreuses récompenses, cette professeure de jazz et de musique classique se sent à l’aise dans tous les styles : jazz, chanson française, le prog, le trip hop… Au sein de ce quartet, elle est secondée par une efficace formule batterie, basse, guitare. Rien de surprenant dans cette composition. Les étonnements viendront de la très grande diversité des sept titres proposés. Des compositions de Cathy Escoffier, à l’exception de la plage d’ouverture « Speak Low » que l’on doit à Kurt Weil. Un titre qu’elle a ré-arrangé et auquel elle attribue une tonalité jazz bluesy, en imprimant son toucher fluide et en étant secondée par le subtil jeu du guitariste Andrew Sudhiphasilp. Avant une jouissive envolée finale. S’ensuit « Volupté » sur lequel une chanteuse (Caroline Mayer) est invitée. Le langage utilisé m’est inconnu (scandinave ?), l’accompagnement est doux comme une caresse et la section rythmique (Julien Heurtel – batterie et Guilhaume Renard – basse) se montre particulièrement décisive, belle. La diversité continue… Sur « L’appel aux larmes » c’est le rock de Canterburry qui est évoqué ! Un brin de Robert Wyatt et un beau chassé-croisé piano / guitare. Puis c’est un piano, réminiscence de Kate Bush, qui introduit « Into Equal » avant que le morceau « Equal » ne soit proposé. Ici nous avons droit à deux chanteuses (Cathy et Tina Mweni) et à une superbe ballade trip-hop jazzy ! On commence à réaliser que cette pianiste s’intéresse vraiment à beaucoup de courants musicaux et qu’elle reste efficace partout ! Surprise intégrale ensuite avec « Une âme », sur laquelle le chanteur / conteur Nicolas Rochette déclame son texte, entre Leo Ferré et Christian Decamps (Ange), sur un titre oscillant entre rock et progressif ! Et toujours cette efficace partition de la pianiste, que l’on retrouve aussi dans les chœurs ! Le cd se termine avec la plage titulaire et son jazz puissant, rapide, technique mais aussi émotif. Soutenu par une batterie carrément rock à certains moments ! Voici donc un cd composé de sept morceaux aux styles et à l’approche très différents, mais sur lesquels on décèle néanmoins une uniformité due au jeu de la pianiste. Ce qui n’était pas évident au vu de la diversité des genres, mais il faut dire qu’en soutien, ses trois acolytes assurent remarquablement et renforcent cette unité. Sur des compositions vraiment bien ciselées. Franchement une belle découverte.
Claudy Jalet