Shakai / Kollektiv Kama : même combat ?

Publié par Yves «JB» Tassin le 4 octobre 2024

Le jazz évolue, c’est une évidence. Et il n’en est pas à sa première révolution. On n’en réécrira pas l’Histoire ici en quelques lignes peu légères. Mais à l’évidence, au cours de ces dernières années, la secousse dans les clubs, dans les salles de répétition, dans les festivals (vérifiez donc les affiches), s’est fait ressentir plus intensément. Oui, le jazz évolue, en picorant çà et là dans la gamelle des autres (le rock, les musiques du monde, le hip-hop, la musique classique …) et vice-versa. Moi j’aime plutôt bien cette évolution, n’en déplaise aux éternels grincheux ultraconservateurs. Certains labels se sont intéressés à ces mariages impromptus. W.E.R.F. bien sûr, dont la devise « le jazz pas jazz » se brandit tel un étendard… En Norvège, avec une pointe d’humour, un label nous interroge : Is it Jazz ? Non, peut-être ! Un label qui nous envoie régulièrement quelques enfants bâtards nés de rencontres transgenres. Dernier en date, Shakai (« société » en japonais) dont la pop fraîche inonde les partitions jazzy dessinées par sa bassiste, Eline Raftseseth. Une pop jazzy donc, chantée alternativement en norvégien ou en anglais, mais grave en ce sens qu’elle pose mille « grandes questions sur la vie ».

Questions auxquelles le Kollektiv amstellodamois Kama a peut-être bien trouvé la réponse : agissons comme si nous vivions une autre vie, celle de quelqu’un d’autre. Cet album, « As if I Lived a Different Life », qui squattait l’espace autour de ma platine, je ne savais pas trop comment le digérer ni comment vous le présenter. « Is it Jazz ? » : c’est bien la question qui me taraudait l’esprit et dont la réponse évidente permet à ce disque de prendre vie aujourd’hui au travers de cette chronique.

Alors ? Shakai / Kollektiv Kama : même combat ? D’abord, le mot est sans doute trop grave. Mais de toute façon, la réponse est « non ». Car, comme dans tout autre genre musical, des différences infimes nous permettent d’avancer qu’il existe autant de groupes différents que de fusions intéressantes. A charge pour l’auditeur d’effectuer un premier pas dans l’obscurité.