Shiver : Meets Matthew Bourne Volume 2
Les gouttes de l’été
Chroniques inédites ou les disques qui ne pouvaient pas passer à la trappe
En pleine pandémie, alors que tout ferme, que tous les concerts sont annulés, que la désillusion prend le dessus, le trio anglais Shiver (guitare, basse, batterie) invite le pianiste, à la formation classique et jazz, Matthew Bourne, à des séances d’improvisation, pendant deux jours. Familier de la chose puisqu’il a collaboré avec Marc Ribot, Annette Peacock, John Zorn et d’autres, Bourne se prête volontiers à l’expérience. Un premier volume correspondant à la première journée a déjà été publié et voici le résultat de la seconde session. Cinq longues plages improvisées (pour 55 minutes) sur lesquelles le piano délivre des notes « squelettiques », explorant les ruptures, les cassures, en ignorant pratiquement toutes mélodies pendant que Shiver brode en soutien. Cette musique improvisée est relativement calme et se meut dans de l’ambiant inextricable, dans du jazz perturbant, sombre. Sur « Pasadena Gravy », le moog s’invite et le tout devient nettement plus noisy avec un côté atmosphérique. La plage la plus immédiate, bien que la suivante, « Ohio », montre le groupe de plus en plus impliqué, soudé, cohérent, en symbiose… Qu’une dernière et longue plage (18’51) confirme. Outre son caractère cinématographique, elle part dans diverses directions osant même du free assez dense. Une rencontre improvisée, une expérience sans cadre précis pour un résultat qui ne plaira qu’aux fureteurs sonores.