Steve Lacy : The Straight Horn of Steve Lacy

Steve Lacy : The Straight Horn of Steve Lacy

Candid

En juin prochain, cela fera vingt ans déjà que Steve Lacy nous a quittés. Pour autant, c’est comme s’il n’était jamais vraiment parti. Il continue à inspirer bon nombre de musiciens tandis que son enseignement demeure pertinent. De ses débuts au sein d’un combo dixieland où déjà il en questionnait la doxa, à ses premières apparitions aux côtés de Cecil Taylor, Gil Evans et plus tard Thelonious Monk, Lacy se fait remarquer et se fait remarquable. Dès 1970, il s’installe à Paris, mais continue à parcourir le globe, multipliant les collaborations pendant trois décennies. Sa vie aura été le reflet d’une quête sonore folle, sans cesse en mouvement et en interrogation. Poursuivant son travail de réédition, le label Candid ressort aujourd’hui « The Straight Horn of Steve Lacy », un des disques phares des débuts de Lacy sous son propre nom, publié en 1962. Entouré par la section rythmique (le bassiste John Ore et le batteur Roy Haynes) qu’il connaît pour l’avoir fréquentée au sein du sextet de Thelonious Monk et par le saxophoniste baryton Charles Davis, rencontré un soir au club Five Spot à New York, Lacy se révèle à travers son instrument : le saxophone soprano. C’est vraisemblablement sur ce disque, dont le titre a valeur de devise, qu’il imposera son style de jeu de manière durable et prégnante auprès d’un public qui ira grandissant. À l’époque, Lacy ne compose pas encore, il reprend trois classiques de Monk (« Introspection », « Played Twice » et le célèbre « Criss Cross »), deux de Taylor (le flamboyant « Louise » qui ouvre le disque et « Air ») et un de Parker (le lyrique « Donna Lee »).

Notoirement complexe à pratiquer et à poser, le saxophone soprano est à l’époque souvent joué par des musiciens qui pratiquent également un autre instrument (souvent la clarinette). Lacy en fera son instrument attitré, patenté, et ne le quittera jamais. C’est de cette histoire qu’ il est question dans cet enregistrement épique qui met en lumière les intenses dialogues entre saxophones baryton et soprano. Plus de soixante après, ils n’ont pas pris une ride.

Eric Therer