Sunny Five : Candid
Septante-deux minutes d’improvisation pure de Sunny Five aka le saxophoniste alto Tim Berne, les guitaristes Marc Ducret et David Torn, le bassiste Devin Hoff et le batteur Ches Smith qui se sont laissés aller sans freins, offrant ainsi un détachement total. Vous êtes prévenus. En quatre chansons, dont la plus courte de neuf minutes et la plus longue de trente-cinq minutes, ces messieurs optent pour l’aventure brutale. On les qualifie aussi de « raiders of lost improvisations ». Ceux qui ont raté l’ambiance sonore initiale auront du mal à suivre. « Scratching, Blowing, Knocking » et “Reverbs” sont, de fait, les balises les plus directes vers un labyrinthe de cavernes souterraines où la liberté sans contraintes est le principe de base. Pas de débordements débridés et chaotiques, mais des échappées ordonnées qui lient les cinq titres. Et bien sûr, également, la connaissance des repères classiques. À l’introduction étirée de « Scratch », par exemple, le saxophoniste Tim Berne déclenche une « distorsion temporelle » à partir des héritages de John Coltrane et d’Albert Ayler, tandis que Ducret et Smith prennent le rôle de mécaniciens qui réparent les dommages constants qu’ils subissent. Il ne s’agit donc pas d’un voyage décontracté. Des ajustements sont constamment nécessaires.
Décrire tous les rebondissements et toutes les mutations que nous trouvons ici n’aurait aucun sens. L’immersion est le message. En tant qu’auditeur, la seule façon de déchiffrer cette éruption cosmique est de se laisser emporter dans le maelström avec un esprit ouvert. Les liants sont l’imagination débridée, l’électronique de Ches Smith et l’homéostasie mutuelle de ce quintette. Bienvenue dans « a galaxy not so far away » !
Une collaboration Jazz’halo / JazzMania
Traduction libre : Luc Utluk