Sylvain Rifflet : We Want Stars

Sylvain Rifflet : We Want Stars

Magriff / Outhere

Dans la sphère du jazz français, la figure de Sylvain Rifflet est sans aucun doute une des plus originales de par la conception de ses projets. Si le saxophoniste ténor a un son, celui-ci est empreint d’une tradition qu’on a volontiers raccrochée à Stan Getz (rappelez-vous le magnifique « Re-Focus » inspiré par l’album de Getz). Quant à l’inspiration de Sylvain Rifflet elle dépasse sensiblement les critères habituels : citons « Alphabet » et l’album « Mechanics » ou « Troubadours » en trio avec le trompettiste Verneri Pohjola et le percussionniste Benjamin Flament. Ce nouvel opus intitulé « We Want Stars » est aussi formé d’un trio : Bettina Kee (alias Ornette pour son single « Crazy ») aux claviers et effets, et Vincent Taeger aux drums et Tama talking drums, musicien hors normes aussi à l’aise avec Tony Allen, Charlotte Gainsbourg, Philippe Katerine, Oxmo Pucino, Archie Shepp et bien d’autres. Autant dire que le line-up intrigue autant qu’il enthousiasme, car aussi loin qu’on cherche, voilà un assemblage original (seul « The Comet is Coming » est cité d’ailleurs par le saxophoniste)

« First Dance » nous introduit d’emblée dans l’univers sonore de l’album par les sons électro de Bettina Kee. « The Mojo » suit avec force roulements de caisse et rythmique décalée sur le chant posé du ténor. « Mamahuhu » avec son lancinant chant de clarinette invite au songe, puis vient « Bach and Boom » – Boom étant le surnom du batteur qui tourne autour d’un prélude inventé et un solo de batterie. « Monolodic » et « Riffology » s’enchaîne comme deux pièces en une, la batterie sur la seconde partie prenant de doux accents africains. Le titre de l’album trouve sa résolution dans « We Want Stars… Not Satellites » qui est « un dommage à Elon Musk qui envoie tellement de satellites dans le ciel qu’on finira par ne plus voir les étoiles. » En clôture, un superbe hommage au saxophoniste anglais John Surman, un musicien qui a beaucoup expérimenté les recherches sur les sons électro dans sa discographie, ce que Bettina Kee, omniprésente et essentielle dans tous les titres, met en évidence avec une constante originalité. Avec « We Want Stars », Sylvain Rifflet réussit à briser l’hermétisme de l’électro en y projetant la sonorité chaleureuse du sax ténor. Un disque original et complètement réussi.

Sylvain Rifflet en interview dans JazzMania ce mercredi 6 novembre.

Jean-Pierre Goffin