Talk Talk : la trilogie parfaite

Talk Talk : la trilogie parfaite

Talk Talk
Spirit of Eden
EMI

Talk Talk
Laughing Stock
Polydor

Mark Hollis
Mark Hollis
Polydor

Mais qui est ce fameux Mark Hollis ? Un Londonien doté d’une voix intéressante qui fonde le groupe Talk Talk au début des eighties… Un premier album de pure synthpop passé presque inaperçu en 1982 (« The Party’s Over ») suivi d’une consécration deux ans plus tard avec « It’s my Life », un album sur lequel trônent deux hits mondiaux (« Such a Shame », « It’s my Life »). La voie est tracée, Talk Talk se trouve alors au sommet de la vague New Wave aux côtés des Duran Duran, Simple Minds et The Cure (mauvaise période pour les deux derniers cités…).

Toutefois, en interview, le noyau dur de Talk Talk (Mark Hollis, mais également Tim Friese-Greene, Paul Webb et Lee Harris) se démarque de la meute… Mark Hollis cite plutôt Miles et Coltrane ainsi que des éléments de la musique classique parmi ses sources d’inspiration. Le troisième album « The Colour of Spring » prend une nouvelle voie (les synthétiseurs disparaissent) annonciatrice de ce qui suivra. Le succès est à nouveau au rendez-vous grâce au hit « Life’s What You Make It »… et en effet, le groupe prend alors sa destinée en main en s’enfermant dans un studio durant une année entière.

Improvisations libres, instrumentation épurée, bandes effacées… Enfin satisfait du résultat, Talk Talk publie une première pierre angulaire de la musique rock, même si « Spirit of Eden » (1988) n’en n’a ni l’odeur, ni le goût. C’est évidemment un suicide commercial que supportera mal leur label EMI qui, de son côté et pour récupérer les dividendes de son investissement, sortira une compilation « Natural History : the Very Best of Talk Talk » qui rencontrera un immense succès public. Le groupe ne s’en préoccupe pas… Changement de label (ils signent chez Polydor) et à nouveau quelques mois de studio pour enregistrer la suite, « Laughing Stock » (1991)… Plus de concert, pas de promo, la carrière de Talk Talk s’achève en beauté.

Discrètement, la section rythmique de Talk Talk fonde le groupe alternatif O.rang avant que Paul Webb ne poursuive sporadiquement sous le pseudo Rustin Man… dont on vous recommande chaudement « Out of Season », un album enregistré avec la chanteuse de Portishead, Beth Gibbons.

De son côté, Mark Hollis ne donne plus signe de vie (ou presque) pendant plus de cinq ans. Contractuellement, il doit encore un album de Talk Talk au label Polydor. Il s’agira de son (unique) album solo (sans nom) paru en 1998, un disque dans la lignée des deux derniers albums de son groupe. Cette fois, c’est bien la fin de l’aventure. Mark Hollis dresse un mur de silence autour de lui et ne donnera suite à aucune sollicitation… jusqu’à son décès survenu en 2019, à l’âge de soixante-quatre ans.

Entre-temps, et comme il l’avait prédit, sur le simple effet du bouche à oreille « Spirit of Eden », « Laughing Stock » et « Mark Hollis » sont devenus des albums cultes, écoulés à plusieurs millions d’exemplaires… Discrètement.

Yves Tassin