Trans-Kalahari Quintet : At Last Mo Lapeng
De temps en temps, il est bon de déserter le courant polymorphe du jazz actuel pour aller se ressourcer à l’une de ses composantes, ici la plus évidente, celle de la musique africaine, même si la culture invoquée dans ce cas appartient plus particulièrement à l’Afrique australe. Le Trans-Kalahari Quintet (TKQ) inclut plus précisément des musiciens du Botswana, du Zimbabwe et des États-Unis et leur musique entièrement instrumentale est ancrée dans la grande tradition de l’afro-jazz en vogue dans le sud du continent. Ainsi, la partition colorée et joyeuse de Ka-Ching rappelle-t-elle d’emblée la fanfare exubérante d’African Marketplace, un titre composé par le pianiste, originaire du Cap, Abdullah Ibrahim. En revanche, le groove du dernier titre, Hands Off, met bien en relief le lien existant entre le beat africain et un certain hard-bop américain conjuguant bop, soul et funk sur un tempo bien marqué.
Entre ces deux extrêmes, les dix autres compositions se situent dans un compromis entre un jazz smooth et une musique africaine dansante et souvent relaxante. Les percussions sont fréquemment à l’honneur comme sur « It Takes Two » et « Tobetsa Tobetsa » tandis que les solistes ont l’occasion de briller, en particulier le guitariste zimbabwéen Zakes Gwaze, le saxophoniste ténor texan Matt Dacso et le claviériste Botswanéen Lekofi Sejeso, malheureusement décédé l’année dernière. Après plus de dix années d’existence et quatre albums parus entre 2011 et 2020, le Trans-Kalahari Quintet a acquis une maturité qui lui permet aujourd’hui de transcender avec aisance la musique populaire du Bostwana en l’inscrivant dans une approche moderne et internationale. Si vous appréciez des artistes pionniers de l’afro-jazz comme Dollar Brand / Abdullah Ibrahim, Kippie Moeketsi, Hugh Masekela, Basil Coetzee ou Jonas Gwangwa, ce cinquième disque du TKQ intitulé « At Last Mo Lapeng », rehaussé par une excellente prise de son, ne vous décevra pas.