
Tristan Mélia : Your Pain in my Heart
Le reflet du pianiste dans un miroir ébréché, avec le titre à l’envers, Tristan Mélia en parle comme d’une invitation à passer de l’autre côté du miroir, y découvrir sa musique, son histoire, en prenant son temps, et sans le compter, car ni le livret ni la pochette ne mentionnent la durée des morceaux, toutes des compositions du pianiste, comme si le temps n’avait pas d’importance quand on se plonge dans la musique de ce magnifique trio. La contrebasse de Victor Nyberg – dont nous avons déjà apprécié la finesse sur les albums « Cursiv » et « Delta » d’Igor Gehenot – et le jeu à fleur de peau de Gautier Garrigue pour la batterie, on se doute que traverser le miroir nous emmènera au pays des merveilles… Et c’est bien le cas. Deux pièces en trio en ouverture, la première souple et lyrique, la seconde plus enlevée, nous emmènent vers le titre éponyme, moment choisi pour l’invité, Stéphane Belmondo au bugle, d’un lyrisme à vous scier… (il remet le couvert sur « Have Right » et « Sad Story », tout aussi troublants) avant de s’embraser sur « Cockpit Soul Recorder » au diapason du pianiste. Ecoutez le drumming de Gautier Garrigue sur « Blue Midnight Walk », pétri de tradition, un des batteurs majeurs du jazz d’aujourd’hui. Le bref « Something More » – trop bref – clôture l’album sur des couleurs « soul » que ne renieraient pas les pianistes US des années 60. Un album à découvrir.